Mgr Sikuli aux complices des massacres : « N’oubliez pas que vos patrons d’aujourd’hui peuvent se retourner contre vous demain »
L’Evêque de Butembo-Beni met en garde tous les complices des massacres de leurs frères et sœurs dans la zone de Beni-Ituri. Il l’a dit dans son message final qui a conclu samedi 22 octobre 2022 la messe de requiem dite à l’honneur de la sœur docteur Sylvie KAVUKE en la cathédrale de Butembo. Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech a averti ces complices que leurs alliés d’aujourd’hui peuvent les achever demain. D’où, son appel à quitter l’état de traitrise.
« Que personne d’entre nous n’aille se retrouver parmi les massacreurs. Quelqu’un peut se sentir à l’aise aujourd’hui en complotant contre les siens mais peut-être demain, ceux à qui il rend service peuvent se retourner contre lui en se faisant leur nouvelle cible », déclare-t-il devant l’assemblée chrétienne, toute attentive.
Et d’ajouter : « Si vous vous désarmez vous-mêmes de vos sentiments, si vous cessez de vous asseoir avec ceux qui font des complots du mal, il ne se passera rien. Si je sais que je suis avec tel mais il est suspect, il faut l’aider à renoncer à ses mauvais sentiments. C’est peut-être à ce niveau qu’on nous accule aussi, et c’est une vérité, on ne peut pas arriver à Kakwangura ou à Maboya et passer tout ce temps sans qu’il y en ait ceux qui ont conduit ou programmé, et des gens qui connaissent le milieu. On ne peut pas s’imaginer que c’est quelqu’un qui tombe de la Tanzanie ou du Kenya pour venir faire ces choses ».
Des agents de sécurité inefficaces
Le Prélat catholique a poursuivi que la complicité, c’est aussi lorsque certains agents de sécurité se mettent à croiser les bras devant leurs devoirs et faire ce qui ne serait pas attendu d’eux. Il par exemple révélé que les premiers éléments sur l’attaque contre Maboya démontrent que certains agents de sécurité étaient dans des maisons de tolérance au moment de l’’incursion ADF. L’ordinaire du lieu s’interroge à ce sujet sur qui attaque qui et qui protège qui.
« Qui attaque qui et qui défend qui ? Ce sont des questions qu’on se pose au regard de ce qu’on observe… A Maboya, il y a certains agents chargés de la sécurité qui étaient dans ce qu’on appelle QG (maisons de prostitution, ndlr) en traind e savourer leur divertissement pendant qu’on tuait », s’inquiète-t-il.
A la même occasion, il s’interroge sur l’opportunité d’ériger des monuments pour des autorités venues pour sécuriser la population alors qu’il n’en existe pas pour les personnes massacrées à Beni-Ituri.
« Ailleurs, j’ai vu qu’on est en train de construire des monuments pour ceux qui sont venus pour assurer la paix en paix. Ceci est fait au lieu de penser à tous ceux qui ont été tués, donc un monument aux morts mais on fait pour les vivants. Ce n’est pas normal », se fâche Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech.
Rappelons qu’après cette messe de requiem, le corps de Docteur Sylvie KAVUKE, cette religieuse PSP, a été inhumé au cimetière des Petites Sœurs de la Présentation à Bunyuka sous une grande émotion. Sœur Docteur Sylvie Kavuke, 37 ans, est morte calcinée dans sa chambre de garde au Centre de santé de référence de Maboya lors de l’incursion ADF de jeudi 20 octobre 2022. A part elle, 6 autres civils sont morts. Les meurtriers ont ciblé la structure sanitaire précitée et le centre hospitalier Tinge de la place et le centre commercial. Enlèvement de plusieurs civils, pillage des médicaments et autres biens sont d’autres dégâts enregistrés au cours de la même incursion.
Patient Akilimali