Conflit foncier à Rughenda-Muthithiro ; l’Evêque de Butembo-Beni invite l’Etat à prendre ses responsabilités et rappelle à Mr Mboko que la terre « nous attend tous »

Pourquoi l’Etat abandonne des centaines de familles contraintes à quitter leurs maisons à Mutitiro-Vusumba au quartier Rughenda alors qu’il s’agit qui avaient acquis leurs parcelles de bonne foi ? C’est une question que se pose l’Evêque de Butembo-Beni. 

Lors d’une interview qu’il a accordée à la presse le dimanche 20 novembre 2022 au presbytère de la paroisse Sainte Claire de Ngengere après la messe d’ordination, Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech se demande où est l’Etat quand des citoyens souffrent dans ces conditions. Il met également en garde le gagnant du jugement autour du conflit foncier sur la concession Mutitiro-Vusumba.

« Celui qui continue à faire déguerpir des gens qui, probablement ont eu des titres auprès des services de l’Etat en bonne et due forme. Ce n’est pas normal qu’un individu, on le laisse tranquille en faisant déguerpir les gens qui ont acquis des choses de bonne foi. Où est l’Etat ? Et lui-même, est-ce qu’il pense que ce qu’il fait, c’est du bien ? Je ne pense pas que ça soit des bénédictions. Ce ne sont pas des bénédictions qu’il s’attire », pense l’Evêque de Butembo-Beni.

Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech s’indigne également du manque de suivi que l’Etat pouvait assurer. Il s’appuie sur la commission présidée par le Maire pour trouver solution à ce problème, une commission qui n’a jamais trouvé solution.

« On a même mis une commission qui doit suivre ce problème. Qui doit suivre tout ça ? C’est l’Etat qui a donné l’arrêté pour définir jusqu’où va la limite de la ville de Butembo. Maintenant, s’il y avait des chefs terriens, c’est à l’Etat d’arranger avec eux pour dire, voilà, le sol et le sous-sol appartiennent à l’Etat. Qu’est-ce qui lui manque comme pouvoir pour mettre de l’ordre dans ces choses ? L’Etat doit prendre ses responsabilités. Si c’est lui qui a fait distribuer ces terres face à celui qui prétend que cette portion de terre lui appartient mais, je lui rappelle que nous tous, la terre, c’est notre mère, elle va nous accueillir à notre fin ici sur terre ; lui-même comme tous ceux qu’il envoie avant lui, il les retrouvera là-bas. Même s’il a des jugements jusqu’à Kinshasa, des jugements peuvent être des faux. Quand il y a la personne, il faut bien juger », conseille l’Evêque de Butembo-Beni.

L’Ordinaire du lieu condamne la mort de l’enfant mort par balle la semaine dernière au cours d’un nouveau déguerpissement sur la concession dite de MBOKO.

En rappel, le ministre provincial de la justice et droits humains, l’évêque de Butembo Beni et le maire avaient effectué une descente à Mutitiro-Vusumba le samedi 8 février 2020.

Et dans la tentative de résoudre ce problème, l’Eglise de Butembo-Beni, par le truchement de la Commission Diocésaine Justice et Paix, avait réuni, en fin septembre et début octobre 2020, les familles Boniface Ngikiro,, Clément Kaherwavolo et Muhindo Mboko. Les victimes des déguerpissements répétitifs étaient également représentées dans ces rencontres.

Par la suite, le maire de Butembo avait créé une commission devant suivre de très près cette question. Tel est le contenu de l’arrêté urbain signé le samedi 28 novembre 2020. Ladite commission est présidée par le maire. Il est aidé par deux vice-présidents : le Conservateur des Titres immobiliers de Butembo et le Président de l’ECC. Le secrétariat est l’œuvre de l’ANR et des bourgmestres de Kimemi et Mususa. Les membres de cette structure sont la PNC, les FARDC, les bourgmestres de Bulengera et Vulamba, le Chef de division du Cadastre, le chef du quartier Rughenda, la FEC et la société civile.

Et comme l’état de siège est venu mettre à l’écart certains de ses membres, les choses n’ont fait que stagner. Jusqu’aux rebondissements de novembre 2022…    

Patient Akilimali