Butembo : Le dramaturge MATHE KISUGHU dresse le tableau du théâtre local pour appeler au soutien en faveur des artistes
Les dramaturges congolais plaident pour la réintégration du théâtre. Ce, en marge des facteurs qui concourent à la communication des valeurs sociales et à l’éducation. Le metteur en scène MATHE KISUGHU pense que si le théâtre disparaissait, il se constituerait plus un grand risque que le bien pour la communauté.
Contacté en marge de la journée dédiée au théâtre en fin Mars, cet écrivain estime que la comparaison de l’art occidental ne devrait que s’établir sur base des considérations culturelles qui caractérisent chaque peuple.
« Chaque société a ses activités artistiques et sa vision précise. Où qu’il soit pratiqué, le théâtre a une même lecture ou perception de la réalité du monde. Ainsi, il aide surtout la société à se reconnaitre comme le disait d’ailleurs BALZAC que l’art, la littérature spécialement est un miroir promené le long de la route pour que chacun en s’y regardant puisse se reconnaître. Donc, en Occident, tout comme en Afrique, tout comme en Asie, le théâtre revêt la même fonction qui est celle d’aider la société à réfléchir sur les problèmes existentiels qui sont presque les mêmes, partout dans le monde, bien qu’avec des particularités qui dépendent des contextes précis », a démontré MATHE KISUGHU, dramaturge congolais.
Cet enseignant de Français a profité de cette même occasion pour évaluer la consommation du théâtre à Butembo.
« En ville de Butembo, je ne sais pas si nous pouvons prendre les époques. Moi je suis des années 80,90 ou le théâtre nous l’avons découvert à l’école ; l’école qui nous a appris à jouer, à représenter des scènes à l’école primaire notamment, nous avons la dramatisation à l’école secondaire. Et dans le temps, il y avait des troupes de théâtres que vous pouvez appeler professionnels mais qui ont presque disparu faute de moyens et de prise en charge. Mais, bon, le théâtre subsistait quand même au niveau des radios où à travers diverses langues locales, nationales, duquel théâtre radiophonique les acteurs essaient de représenter le monde. Mais aujourd’hui pratiquement, le théâtre semble prendre du recul en tant qu’il n’est plus soutenu même par plusieurs écoles. Je peux dire que c’est en veilleuse parce que certains essaient quand même de proposer des bonnes œuvres malgré tout. Mais alors, imaginez, qui va organiser une pièce de théâtre dans un pays insécurisé avec des coûts que les institutions sont incapables d’assurer pour promouvoir les œuvres des vulnérables artistes ? La salle de fête, il faut la louer pour qu’elle soit la salle de théâtre, vous avez des acteurs qui ont beaucoup de soucis, ce sont des étudiants, ce sont des élèves, qui se disent n’avoir pas de temps. Conséquence, il n’y a plus intérêt autant que le théâtre ne nourrit pas son homme au niveau économique » a évalué MATHE KISUGHU, écrivain africain et enseignant de langue à Butembo et environs.
MATHE KISUGHU est convaincu que si le théâtre disparaissait dans la communauté, il y a un plus grand danger éducationnel.
« Les artistes, les faiseurs de rêves, ceux les artistes qui nous consolent Si le théâtre disparait, automatiquement, ce sont les valeurs qui vont aussi disparaître. Un autre risque est que les jeunes n’auront plus ces valeurs qui nous ont forgés ; le langage, la manière de s’exprimer serait un désastre, être devant un public, c’est le théâtre qui est un moyen de définir justement ce que nous appelons reflexe. Donc si le théâtre disparait, il y a un manque à gagner tant au niveau intellectuel qu’au niveau spirituel et social. C’est dire qu’il y a donc intérêt à encadrer le théâtre pour qu’il soit revalorisé et consommé au besoin parce que si vous voulez connaître un peuple, c’est par là qu’il faut l’étudier », a prévenu MATHE KISUGHU, Metteur en scène à Butembo.
A Butembo, parmi ceux qui ont fait les premiers pas à s’investir dans le théâtre comme art, on peut citer, Caporal NDIME KASEREKA, KYALIMA Léopold, Honorable MALIS MALISAWA, Kasereka KAHAMBA, l’enseignant MATHE Kisughu, le Chef de travaux Paluku KARONGO, le Chef de Travaux Roland MUPITA, le Professeur Ordinaire Jean-Baptiste NDAVARO, le journaliste WEMA Kennedy, les étudiants Blaise MUKAMA et Patrick KYAVU, pour ne citer que ceux-là.
En ce temps que les œuvres d’arts sont produites du jour au lendemain, les producteurs de ces œuvres d’esprit plaident pour un soutien de la part des institutions officielles qui œuvrent dans le pays pour la promotion de la culture aussi congolaise, africaine qu’intergénérationnelle.
Jures Kizito