Butembo : Des participants aux travaux de Nairobi III démontrent que la remise de la zone Kibumba aux forces de l’EAC par le M23 n’est pas à considérer comme une renonciation à l’intégrité nationale

Butembo : Des participants aux travaux de Nairobi III démontrent que la remise de la zone Kibumba aux forces de l’EAC par le M23 n’est pas à considérer comme une renonciation à l’intégrité nationale

28. décembre 2022 Allgemein 0

Le retrait du M23 de Kibumba et la remise de cette zone aux forces de l’EAC, le vendredi 23 décembre 2022, est-ce une manière dangereuse pour le Gouvernement de renoncer à sa souveraineté nationale ? Cette question a été posée au cours de la conférence de presse de restitution des travaux de la troisième étape du processus de Nairobi pour la paix à l’Est de la RDC.

La séance a été animée au bureau de la Commission Diocésaine Justice et Paix, CDJP Butembo-Beni. C’était conjointement par le Professeur Abbé Aurélien RUKWATA, point focal du processus de Nairobi et Directeur de la CDJP, le Professeur Abbé Telesphore MALONGA, Expert en sécurité et l’honorable KAHINDO NZANZU BONANE, Mwami de la Chefferie des Baswagha. Le représentant de Monseigneur MUHINDO ISESOMO Adolphe, Evêque du diocèse anglican du Nord-Kivu, était également de la partie.

Tous les trois interlocuteurs de la presse sont partis à Nairobi pour le compte de la société civile et des chefs coutumiers. En réponse, l’abbé RUKWATA a fait entendre qu’il n’y a pas lieu de parler de la renonciation à la souveraineté nationale à partir du moment où les forces de l’EAC opèrent sur le territoire congolais sur invitation du Gouvernement.

L’Evêque de Butembo-Beni entre les orateurs du jour. Photo Delphin Sindani/RTGL

« Ces forces ont été invitées par notre Gouvernement pour pouvoir participer aux côtés de nos forces de défense et de sécurité à la restauration de la paix dans la partie est. Ce qu’il y aurait à voir, c’est de savoir comment les deux forces, celles de l’EAC et nos forces de la RDC collaborent pour restaurer cette souveraineté. D’autant plus que le facilitateur a émis le principe du respect de l’intégrité et de la souveraineté du territoire national. Donc, en remettant cette partie du territoire aux forces de l’EAC, j’espère que les forces de l’EAC collaborent avec les FARDC pour la restauration de cette intégrité et cette souveraineté. Je me rappelle ce qui a été fait comme recommandation, par la plupart des délégués à Nairobi III ; ils avaient sollicité que ces forces de l’EAC ne soient pas que d’interposition mais qu’elles soient offensives », détaille le Professeur Abbé RUKWATA.

C’est dans cette logique que l’abbé MALONGA renchérit que le contrôle de ce territoire par les forces de l’EAC est une manière pour le Gouvernement de recouvrer progressivement ce qui lui échappait depuis peu.

« La force de l’EAC est en collaboration avec l’Etat congolais. Et donc, plutôt que de voir ça comme une renonciation à cette intégrité, c’est plutôt un recouvrement progressif de cette intégrité territoriale. Parce que, une fois que la force de l’EAC aura libéré le lieu, c’est le Congo qui reprendra l’entièreté de son terrain. Donc, nous sommes plutôt dans ce processus-là, non pas de renonciation mais de recouvrement progressif », ajoute le Professeur Abbé MALONGA.

Vue des orateurs et des journalistes présents. Photo Delphin Sindani

Plusieurs autres questions ont été posées aux orateurs pour comprendre l’issue des travaux de Nairobi III. Nous y reviendrons dans nos prochaines publications. Notons que Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech, Evêque de Butembo-Beni a pris part à cette séance de restitution.

Rappelons que les travaux de Nairobi III sont partis du 28 novembre au 6 décembre 2022. Ils ont rassemblé les acteurs de la société civile, les délégués des groupes armés venus de l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et du Tanganyika ainsi que les représentants du Gouvernement congolais. C’était sous la facilitation de UHURU KENYATA, ancien Président kenyan.

Le communiqué final a appelé les groupes armés à déposer les armes avant d’y être contraints par la puissance de feu. Les participants avaient recommandé également aux groupes armés étrangers de retourner chez eux et aller dialoguer avec leurs Gouvernements respectifs.

Le processus de Nairobi III reste ouvert à l’adhésion d’autres groupes armés pour donner finalement la chance à la paix, ont rassuré les orateurs. D’ici janvier 2023, les rencontres d’évaluation des travaux de Nairobi III vont se tenir à Goma, Bukavu et Bunia. Question de planifier les actions à court, moyen et long terme.    

Patient Akilimali