RDC: le Doctorant Vyalirendi explique les 11 ans d’échec de l’Accord d’Addis-Abeba pour la paix et montre que deux Etats peuvent exister en ennemis
Onze ans d’échec pour l’Accord-cadre signé à Addis-Abeba pour la cause de la paix et de la sécurité à l’Est de la RDC. C’est en résumé ce qu’on retient de l’analyse du Doctorant Jacques VYALIRENDI au sujet du 11e anniversaire de la signature de ce document dans la capitale éthiopienne.
Cet enseignant au Département de Relations internationales à l’Université Officielle de Ruwenzori, explique que cet échec est normal au regard des parties prenantes audit accord.
« Normalement, cet accord était porteur de solution. Malheureusement, certaines parties prenantes dans la région des Grands-Lacs sont plutôt intéressées par le problème plutôt que par la solution. Elles n’ont pas donc intérêt à ce que la solution au problème soit trouvée. Et puis, le mécanisme mis en place ne les intéresse surtout pas, parce que, eux ont des intérêts qui sont mieux protégés par le statu quo que par la solution au problème de l’insécurité à l’Est de la RDC. Le médiateur de l’accord, lui pensait à la solution par la bonne foi. Mais, il s’est avéré que les parties prenantes n’étaient pas intéressées par la solution parce qu’elles profitent mieux du problème que de la solution. C’est un problème qu’on a eu depuis très longtemps avec plusieurs accords qu’on a signés », explique Jacques VYALIRENDI.
Au regard de cet échec dans la matérialisation de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, notre interlocuteur soutient que la RDC ne doit plus retomber dans l’erreur du passé en dialoguant avec le Mouvement du 23 mars.
« Il faut désormais détenir l’axe du mal comme le font les autres puissances. Il y a des Etats voisins qui ne sont pas intéressés par la paix et le développement en RDC. Mais, nous n’allons pas aussi leur donner l’opportunité de continuer à profiter du problème… Les négociations ou un autre dialogue pour aboutir à un nouvel accord qui générera un autre problème, vraiment, ce n’est pas ce que j’encourage. Les FARDC coalisées aux wazalendo, c’est rationnel et c’est un choix qui, sur la durée, portera des fruits. Je pense que le Gouvernement doit plutôt s’organiser, doit intensifier les efforts, essayer de rectifier là où il faut rectifier, aussi il faut prendre des mesures parce que lorsqu’on fait la guerre, il faut savoir qu’il y a des conséquences humanitaires et nous devons être capables de gérer ou d’anticiper les conséquences humanitaires », enchaîne cet Enseignant en Relations internationales à l’UOR que nous avons joint depuis Nairobi au Kenya.
Pour lui, il est mieux que la RDC vive à côté de son ennemi en le traitant en tant que tel.
« C’est dans cette orientation qu’il faut recadrer la politique de la défense et de la politique étrangère du pays. Parce qu’en fait, toutes les grandes nations du monde ont des ennemis. Israël sait toujours qu’à côté de lui, il y a le Hamas, l’Iran,… Donc, avoir un ennemi dans la région n’est pas un problème. Cela permet plutôt qu’on s’organise dans la politique étrangère et la politique de défense », conclut notre interlocuteur.
Ce samedi 24 février 2024, l’Accord-cadre d’Addis Abeba a totalisé 11 ans depuis sa signature par 11 États et 4 institutions internationales à savoir l’Organisation des Nations-Unies (ONU), l’Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région.
Le 11e anniversaire de cet accord est célébré sur fond d’une nouvelle agression de la RDC par la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda.
Patient Akilimali