Nord-Kivu : L’installation des antennes de Télécommunication et les lignes haute tension du courant ENK à la base de la diminution des populations d’abeilles

Nord-Kivu : L’installation des antennes de Télécommunication et les lignes haute tension du courant ENK à la base de la diminution des populations d’abeilles

30. janvier 2023 Allgemein 0

Le nombre d’abeilles a sensiblement baissé dans les provinces du Nord-Kivu, et du Sud-Kivu en RDC. Conclusion des études menées par le CEMADI, une structure œuvrant dans le domaine de la protection de l’abeille. Ces enquêtes ont consisté à vouloir comprendre la raison de la baisse sensible de la production du miel ces jours.  

Lesdites investigations ont conduit à la conclusion selon laquelle cette diminution est due, en grande partie, à l’installation désordonnée des antennes de télécommunications dans la contrée. Selon le Coordonnateur du CEMADI, les signaux électromagnétiques que les abeilles émettent pour naviguer couvrent une bande de fréquence de 180 à 250 hertz qui croisent celles utilisées par les téléphones portables à 217 hertz.

« Ceci désoriente et affaiblit les abeilles par des stress ; et elles ne sont plus résistantes aux agressions chimiques et aux maladies naturelles. Cela a poussé les populations d’abeilles restantes à quitter les grandes agglomérations pour se concentrer vers les forêts et boisements communautaires éloignés et même sur les montagnes comme Lubwe, Muleke, Ruwenzori, etc et dans le parc national des Virunga surtout que les ruches installées actuellement se colonisent difficilement », ajoute PALUKU KIGHOMA Alphonse au téléphone de Radio Elimu, La Voix de l’UOR, ce lundi 30 janvier 2023.  

Une étude que lui et d’autres experts en apiculture ont menée jusqu’en en fin décembre 2022 accuse aussi l’installation des lignes haute tension du courant électrique d’empirer la situation. « Prenons par exemple l’ouest de Butembo. Nous trouvons que 12,3 % de 328 ruches améliorées de type La Grande dans 5 ruchers ont été désertées par les abeilles entre mai et novembre 2022. Cela fait suite aux effets liés à l’expansion de la radioactivité et la chaleur émises par des câbles haute tension de transport du courant électrique de ENK et des antennes de télécommunication installées dans la contrée », analyse notre interlocuteur.  

Il poursuit que la situation est la même autour de Bunyuka en chefferie des Bashu du territoire de Beni. « Là aussi, les abeilles désertent les ruches installées dans les contrées proches des antennes de télécommunications. C’est un constat que nous venons de réaliser dans les ruchers pédagogiques d’expérimentation de Vuhinga, Vulegha, Mavono, Bunyuka et Kasithu. Notre constat est que 97 ruches modernes de 484 qui toutes jadis contenaient des abeilles sont déjà désertées. C’est un fait qui s’est produit progressivement de janvier au mois de novembre », regrette PALUKU KIGHOMA Alphonse.  

Situation similaire au Sud de la province

Plus au Sud de la province du Nord-Kivu, c’est dans les bassins apicoles de Buhumba, Kibati et Rusayo en chefferie de Bukumu du territoire de Nyiragongo, ces contrées riveraines du Parc National des Virunga et proches de la ville de Goma.  « La situation est alarmante. Les abeilles ont vraiment migré.  C’est un véritable syndrome écologique caractérisé par la chute des populations d’abeilles à cause de la multiplication des antennes de télécommunication qui perturbent le champ magnétique des abeilles. Bref, disons que le taux de décolonisation des ruches est de 14 %. Les ruches se sont vidées à masse de leurs abeilles au 2e mois. Mais, nous venons de finir le 11e mois sans recolonisation souhaitée. La situation est la même aussi dans les territoires de Rutshuru et Masisi », s’inquiète-t-il.

PALUKU KIGHOMA Alphonse estime par ailleurs que la diminution du nombre de ces insectes est de nature à avoir des répercussions sur toute la chaine de production alimentaire, considérant que l’abeille intervient dans la pollinisation des plantes, un phénomène naturel indispensable pour la survie de plus de 80 % des plantes à fleur et à la production de plus ou moins 35 % de la nourriture que les hommes consomment sur la planète.  

La solution à l’horizon ?

Pour tenter de faire face à cette situation, les techniciens du CEMADI venaient d’envisager de mener une surveillance écologique qui pouvait aider à mettre le reste des abeilles hors du périmètre en proie à la pollution des ondes électromagnétiques dans les couloirs apicoles appelés aussi bassins de production du miel.

Toutefois, la matérialisation de cette stratégie pose problème jusqu’aujourd’hui suite à l’insécurité grandissante et insupportable. Pour lui, il est question pour l’instant d’obtenir de différents ministères l’autorisation et les moyens de délocaliser les ruches, loin des endroits exposés aux ondes électromagnétiques.  Notons que le Nord-Kivu est une province qui était sur la bonne dans l’essor de l’apiculture. Jusqu’en avril 2022, cette province comptait 2 642 apiculteurs dont 2 257 hommes et 409 femmes. Le nombre de ruches installées au champ s’élève à 22 620.

Patient Akilimali