Butembo : Des taximen souhaitent que leurs pairs décédés suite à l’insécurité soient également honorés comme martyrs
Journée nationale des martyrs en RDC. Des taximen de Butembo ont également délié leurs langues pour exprimer la souffrance qu’ils endurent avant d’argumenter qu’elle constitue un motif de qualifier leurs collègues qui meurent de l’insécurité de martyrs.
« Il y a des martyrs qui se sont donnés bien sûr pour la RDC, mais ils ont été éliminés avant d’atteindre la mission. Par exemple le colonel Mamadou, Lumumba, Simon Kimbangu etc. Si l’on trouvait une autre personne qui vient concrétiser la mission de Martyr pour l’avènement de la paix, nous aurons raison de se remémorer d’elle, car ayant déjà la paix. La journée d’aujourd’hui par rapport à d’autres journées, je ne trouve pas de différence. La guerre nous a asphyxiés, il y a l’insécurité là où nous amenons nos clients, nous les taximen, nous sommes innocents lors des embuscades que nous rencontrons dans nos différentes courses et qui mettent fin à notre vie », lance un conducteur de véhicule interrogé au parking OASIS ce mercredi 4 janvier 2023.
A un autre d’ajouter : « Nous aussi nous méritons normalement la journée des martyrs suite aux taximen qui périssent dans l’insécurité. C’est puisque le Congo est comme tel qu’il est. La journée fériée est pour les fonctionnaires de L’Etat. Sont eux qui reçoivent l’argent de l’Etat. Nous autres, nous vivons au taux du jour. Si nous ne travaillons pas, nous manquerons quoi manger ».
Pour sa part, Christian KATYA, un étudiant finaliste en Droit à l’UOR Butembo, conclut que la plupart des congolais ne remplissent plus les conditions d’être appelés martyrs au regard de la médiocrité dans laquelle se trouve le pays suite à l’égoïsme.
« Un martyr, c’est quelqu’un qui accepte de représenter les autres, il supprime ses intérêts pour l’intérêt général. Il n’y a pas donc de martyrs sans intérêt général ou sans sacrifice au nom de l’intérêt général. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, tous les congolais sont devenus égocentriques. La RDC a besoin de vrais congolais d’abord, parce-que nous avons compris avec le temps que la RDC est telle qu’elle est, mais celle-ci n’a pas encore façonné de congolais dignes de vivre dans leur pays, car jusqu’à maintenant nous sommes égocentriques, chacun ne veille que sur son intérêt personnel. Il n’y a plus personne qui puisse faire les actions de grande envergure au nom de l’intérêt général, même l’administration qui doit travailler dans l’objectif de la réalisation de l’intérêt général, aujourd’hui nous avons vu le contraire, ce qui nous amène dans le chaos », argumente notre interlocuteur.
Samuel Lukalango