Butembo : Ces déplacés s’occupent du balayage des artères en attendant d’être employés par l’Etat, le Fonds Social ou par d’autres bonnes volontés

Butembo : Ces déplacés s’occupent du balayage des artères en attendant d’être employés par l’Etat, le Fonds Social ou par d’autres bonnes volontés

24. avril 2023 Allgemein 0

Assainir les voies routières pour demander de l’emploi. C’est ce que font les déplacés vivant à Butembo. Encadrés par l’Intégration Sociale pour la Promotion des Nécessiteux, ISRON, ceux-ci se sont résolus de balayer les artères asphaltées de la ville chaque mardi et vendredi.

La matérialisation de cette initiative date du mois d’avril 2023. Le reporter de la Radio Elimu, La Voix de l’UOR, a interrogé des déplacés pour comprendre le bien-fondé de cette courageuse mesure.

C’était après une de leur rencontre tenue en la salle des Légionnaires dans les enceintes de la paroisse Cathédrale. KAVUGHO NDALEGHANA Suzanne, cette déplacée de guerre vivant à Butembo depuis 6 mois après avoir fui les massacres des ADF à Makumo en Ituri, explique : « Nous vivons difficilement ici à Butembo. Nous espérions avoir du travail chez le Fonds Social. Malheureusement, lors du tirage au sort, la chance n’était pas de notre côté. Du coup, avoir à manger et répondre aux autres besoin, c’est très difficile. Par le balayage que nous faisons, nous voulons appeler les autorités à nous donner du travail. Nous vivions chez nous en faisant du travail. Que les autorités nous aident à trouver du boulot ».

Comme elle, KAHAMBU MWANGAZA Espérance, venue de Oïcha, se dit fatiguée de vivre de la mendicité. « Si nous mangeons, c’est parce que les gens de Butembo sont généreux. Mais, il y a aussi quelques personnes qui nous choquent en disant que nous mendions parce que nous ne voulons pas travailler. Ce qui est très faux. Nous venons de nos villages où notre vie, c’était le travail au quotidien. Nous ne prenons pas plaisir à mendier. C’est la vie chère qui nous pousse à mendier. Nous sommes en train de prouver à l’autorité que nous ne sommes pas paresseux. Nous espérons que le Fonds Social, qui voit aussi cela, va nous donner du travail prochainement », espère cette déplacée venue de Oïcha depuis 3 mois.

La vie dure, c’est le tableau que peint aussi YOHA NYASAVI. Cette déplacée vit à Butembo depuis 6 mois en provenance de MUNGAMBA en Ituri. Son mari et ses enfants avaient été égorgés par les ADF. « Nous avons besoin de retourner chez nous parce que nous y avions tout laissé comme nécessaires. Ici, le loyer, le manger, tout est difficile à avoir. Chez nous, on pouvait aller faire de petits travaux, même dans des champs d’autres personnes pour avoir ne fût-ce que de la nourriture. Mais, ici, ce n’est pas le cas. Si tu ne mendies pas, tu ne vas pas manger. Or, nous savons que nos bienfaiteurs peuvent aussi se fatiguer un moment. C’est pourquoi, nous voulons que nous puissions avoir du travail pour mettre fin à cette situation », enchaîne-t-elle.

A Cyprien KAMATE d’ajouter : « Je souffre énormément. Nous sommes venus ici en pensant craindre la mort par la guerre, mais, le constat, c’est que la famine risque aussi d’avoir raison de nous. Nous avons la force pour travailler, c’est pourquoi nous balayons, mais, qui pour nous donner du travail ? Nous avons besoin de n’importe quel travail, pourvu que nous soyons occupés et que nous trouvions à manger ».

Parmi des déplacés vivant à Butembo, certains sont ceux qui ont déjà été contraints de quitter plus d’un village suite à l’insécurité. C’est ce qu’a déjà vécu madame MASIKA KYAVIRO venue de IDOU en Ituri Elle était arrivée à IDOU après avoir fui les massacres à MUTWANGA-NZENGA au Nord-Kivu.

Aucune de ces bourgades n’est pas encore en sécurité totale pour envisager son retour avec ses enfants, restés orphelins après la mort de leur père, lui aussi égorgé par les ADF. « Quand je manque de vivres à préparer pour mes enfants, l’idée qui me vient en tête, c’est d’abandonner mes enfants… Mais, l’amour maternel m’empêche de le faire. Je vis ici depuis 3 mois. Dans cette situation d’attente des gestes de bonnes volontés, je me pose la question de savoir où est l’Etat ? Comment comprendre que nous puissions traverser une SI grande souffrance alors que nous avons des autorités ? », s’interroge cette jeune femme, mère de 4 enfants.

Coté ISPRON, l’on se félicite des résultats atteints grâce à l’initiative consistant au balayage des artères asphaltées. KAHINDO MASIKA Marie-Jeanne est Secrétaire exécutive de cette structure.

« Nous avons pensé que c’est important d’occuper ces déplacés par une activité, même s’il n’y a pas de rémunération. L’idée, c’est que ces déplacés gardent leur souffle de laborieux pour qu’au moment de leur retour chez eux, quand la paix va le permettre, que ces déplacés soient toujours avec leur énergie de travailler. Nous remercions Dieu qui nous a permis que parmi ces déplacés qui sont en train de balayer, les responsables de l’opération Ville propre aient embauché 3. Il y aussi une autre bonne volonté qui nous a demandé 50 personnes qui vont l’aider à trier le maïs. Après avoir trié un sac, on a droit à 5000 Fcs. C’est quelque chose que nous saluons. Nous voulons que d’autres personnes fassent autant parce que nous avons besoin de toute sorte d’occupation », plaide cette encadreuse des déplacés.

Notons que la ville de Butembo héberge ces jours au moins 2 962 ménages qui ont besoin de l’assistance de tout genre.

Patient Akilimali