Attaque de Maboya : Les préoccupations de l’Evêque de Butembo-Beni émises en 2020 après une autre attaque dans la même paroisse persistent
En octobre 2020, la paroisse de Maboya connut une attaque sanglante des ADF après l’évasion à Beni-Kangbay. En octobre 2022, le même ennemi a attaqué la même paroisse après l’évasion à Butembo-Kakwangura. Et après avoir dénoncé à maintes reprises les massacres, l’Evêque de Butembo-Beni trouve que « l’horreur a plus que dépassé le seuil ».
Le diocèse de Butembo-Beni condamne fermement et pour la énième fois l’attaque menée le 20 octobre 2022 contre le village de Maboya du groupement Malio, chefferie des Bashu en territoire de Beni. L’Evêque diocésain le dit à travers un message des condoléances qu’il a rendu public le même 20 octobre 2022. « Face à la tragédie de ce 20 octobre à Maboya, les mots nous manquent tant est-il vrai que l’horreur a plus que dépassé le seuil », amorce l’Evêque de Butembo-Beni.
Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech déplore les morts enregistrés à Maboya notamment celle de la sœur docteur Marie-Sylvie KAVUKE VAKATSURAKI, membre de la Congrégation des Petites Sœurs de la Présentation de Notre Dame au temple. « Outre les personnes portées disparues, nous y déplorons également l’incendie d’une bonne partie du Centre de Santé de Référence de Maboya, sans mentionner des médicaments et des matériels emportés », lit-on dans le même message.
Pour ce faire, le diocèse de Butembo-Beni présente ses condoléances chrétiennes à toute la population de Maboya, en l’occurrence les prêtres, les consacrés et les fidèles laïcs de la paroisse Regina Pacis de Maboya. Les mêmes condoléances sont adressées à toutes les membres de la Congrégation de Petites Sœurs de la Présentation.
Rappelons que de présumés ADF ont signé leur incursion au centre de santé de référence géré par les Petites Sœurs de la Présentation, PSP à Maboya, le centre hospitalier Tinge de la CBCA, le bureau de la PNC, la position militaire et le centre commercial Mbumbutsa-centre, le jeudi 20 octobre 2022. Le bilan provisoire fait état de 7 civils massacrés, un blessé à côté de plusieurs personnes prises en otage.
Presque le même contexte que 2020
La paroisse de Maboya avait enregistré une autre attaque sanglante des ADF la nuit de Vendredi 29 au Samedi 31 octobre 2020 à Kitsimba et Lisasa, dans le groupement de Buliki, secteur de Ruwenzori. Bilan, plus de 20 personnes tuées dont l’animateur-catéchiste, Kasereka Kisusi Richard. Conséquence, l’Evêque de Butembo-Beni avait fait un rapport intitulé : « octobre 2019-octobre 2020 : une année de plus et de calvaire supplémentaire : que faire ensemble ? Je crois et je parlerai ».
Dans ce document, le Prélat catholique était revenu sur d’autres massacres des civils depuis décembre 2013 en territoire de Beni. Les massacres de Kanyihunga et Lisasa s’étaient déroulés 10 jours après l’évasion d’au moins 1 300 détenus de la prison de Beni-Kangbay.
Ceux de ce mois viennent d’être enregistrés 70 jours après l’évasion de 800 détenus de Butembo-Kakwangura. Un présumé ADF capturé a même indiqué qu’il est de la liste des évadés. A son temps, l’Evêque de Butembo-Beni avait déjà demandé aux services de sécurité de prendre au sérieux la question des évasions.
Et toujours rien de la Présidence ?
Dans le même rapport, Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech avait demandé « explicitement l’implication du Chef de l’Etat pour la solution définitive à l’insécurité de l’Est en général et du grand nord du Nord-Kivu en particulier. Cela signifie la création d’une cellule à la Présidence de la République qui suivra la situation complexe liée aux tueries de Beni et ses environs dans des actions politiques, militaires, diplomatiques et judiciaires ».
Bien plus, l’Evêque de Butembo-Beni a échangé, le samedi 13 novembre 2021, avec le Président de la République Démocratique du Congo (RDC). Monseigneur Sikuli Paluku Melchisédech avait à ses côtés d’autres notables du Nord-Kivu, parmi lesquels Antipas Mbusa Nyamwisi, Président du Rassemblement Congolais pour la Démocratie Kisangani Mouvement de Libération (RCD-K/ML). C’était pour la 3e fois que le Commandant suprême des FARDC et l’Evêque de Butembo-Beni se rencontrent en audience pour parler de la question des massacres à Beni et Ituri.
Patient Akilimali