Renforcement du leadership Yira : Ces prescriptions du Professeur Ordinaire Abbé Malonga

Comment reconstruire le leadership de la communauté Yira ? Cette question a été au centre de l’exposé du Professeur Ordinaire Abbé MUHINDO MALONGA Telesphore lors de la session du Conseil culturel du Kyaghanda Yira. Ces assises ont vécu du mercredi 16 au jeudi 17 avril 2025 au centre d’accueil Joli rêve à Butembo.
Jeudi, l’exposé de cet enseignant en Droit constitutionnel à l’Université Catholique du Graben (UCG) a présenté une analyse qui répertorie les forces, les faiblesses et les opportunités du leadership Yira. Ensuite, le Professeur MALONGA a listé les valeurs associées aux lois du leadership proposées par John Maxwell. Lors de son exposé, il a montré que le leadership Yira s’est effrité aussi avec l’événement de la démocratie et l’abus dans l’utilisation des réseaux sociaux.

« On dirait que toutes les opinions se valent et donc plus personne ne croit devoir suivre l’opinion de qui que ce soit. Alors que dans nos traditions, parce que j’invite aussi à retrouver ce qu’on appelle ‘‘ekera yethu’’ il y a quand même des personnes de référence. Et même si l’autorité se trompe, on n’est pas obligé d’aller la contredire sur la place publique comme ça se voit aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Il suffit qu’une autorité émette un avis et un autre citoyen émet un avis contraire sur les médias, alors ces opinions-là se paralysent, ce qui n’est pas une bonne chose. Une fois que nous avons par exemple constaté que nous-mêmes, nous détruisons le leadership, alors nous devons pouvoir dire, ok, est-ce qu’il y a moyen de retrouver cette notion de hiérarchie ? Quand elle a parlé, est-ce qu’on doit le contredire ? Et si jamais il s’est trompé, qu’est-ce qu’on peut faire ? Le respect de la hiérarchie. Et ça, ça suppose justement d’abord que ceux qui sont relativement jeunes se mettent à l’écoute des anciens. Mais les anciens aussi doivent pouvoir dire ‘‘nous préparons l’avenir’’ parce que l’idée c’est aussi quelqu’un qui se projette dans l’avenir. Parce qu’il y la loi de l’hérédité, je prépare les jeunes pour continuer à assumer ce que j’ai fait. Et donc ça signifie qu’il y a un respect mutuel des anciens et des jeunes », montre-t-il.
Bien plus, le Professeur Ordinaire MALONGA a insisté sur la préparation des ressources pour un leadership qui se projette dans l’avenir.

« Ça nécessite forcément des moyens et donc nous devons avoir des ressources humaines. Les gens qui vont nous remplacer demain, est-ce que nous sommes en train de les préparer ? La communauté, le Kyaghanda ne va pas s’arrêter avec tel ou tel autre dirigeant. Il faut que cela se poursuive. Donc nous devons préparer, il faut des ressources. Et pour cela nous avons besoin, et j’ai invité les participants par exemple, à développer encore l’idée de cette caisse commune pour faire étudier même nos jeunes dans différents domaines », propose cet enseignant d’Universités.
Dans la foulée, le Professeur MALONGA note que le leadership nande devra retrouver sa place d’antan grâce à l’implication dans les affaires de la défense.
Pour lui, le mouvement maï-maï qui était considéré comme une association insurrectionnelle doit maintenant faire profiter à la communauté en termes d’adhésion dans les forces de défense et de sécurité.
Au même orateur de poursuivre que le caractère pacifique de la communauté Yira ne doit pas faire oublier la nécessité d’avoir un bouclier pour protéger la richesse.

« Aujourd’hui, c’est le Gouvernement lui-même qui nous évite à soutenir les FARDC et les Wazalendo. Donc c’est vraiment une opportunité que nous devons saisir pour inciter nos enfants à intégrer l’armée et comme ça, plus tard, nous pourrons avoir aussi une bonne représentation dans les forces de défense. Parce que quand vous voyez tous ces gens qui nous malmènent, c’est parce qu’ils ont investi dans l’armée. Et nous, à ce moment-là, nous investissions dans le carton. Quand tu as un carton, tu as un champ et on croit que ça suffit. Or, on nous a toujours dit ‘‘evindu evithawithe ngavo ni vwera’’. Nous devons aussi sécuriser notre patrimoine. Les Romains qui aimaient dire « si tu veux la paix, prépare la guerre », ils ont préparé l’une des meilleures armées de la Méditerranée. Si nous revenons maintenant chez nous, toujours dans la perspective historique, chacun de nos royaumes ou de nos chefferies avait des forces de défense qui étaient organisées autour du roi. Et le roi était comme le commandant suprême. Donc, le fait d’être pacifique ne signifie pas ne pas veiller à sa sécurité. On peut ne pas agresser les autres, mais quand nous sommes agressés, nous avons le droit de nous défendre, ça s’appelle la légitime défense », conseille le Professeur Ordinaire Abbé MALONGA.
Notons que ces assises ont réunis des leaders religieux et communautaires, des chefs d’entités (Viharo), des activistes des droits humains, ainsi que des représentants d’autres couches de la population venus de différents horizons de la RDC.
Patient Akilimali