Religion : Séminaristes théologiens chez les musulmans pour apprendre le vivre-ensemble malgré les divergences
Rencontrer l’autre pour bien le comprendre. C’est l’exercice qui justifie la présence des étudiants du Grand Séminaire Saint Octave de Vulindi partis échanger avec des musulmans à la mosquée Abrar au centre-ville de Butembo ce vendredi 14 mars 2025.
C’était dans le cadre d’approfondir les notions acquises dans le cadre du Cours de Théologie des religions. Ceux-ci ont eu droit aux explications sur la communauté islamique, sa foi et ses quelques pratiques.
De la mosquée à la salle du bain mortuaire, ces apprenants ont eu toutes les explications en exposé et pendant la séance des questions-réponses.
Le Professeur Abbé MATSUNGU MUMBERE Ignace, enseignant de ce cours, est content de constater que ces futurs prêtres ont déjà des idées qui vont les aider dans le cadre du dialogue interreligieux qui s’impose dans la pastorale qui les attend.
«Nous ne voudrions pas étudier seulement à partir de l’auditoire. Nous voudrions qu’ils voient eux-mêmes qu’il est possible de parler à quelqu’un qui n’est pas de ma croyance ou de ma foi. Puisque nous leur apprenons à découvrir la valeur et la signification des religions, mais aussi nous les préparons à s’investir dans le dialogue interreligieux. Parce qu’il y a un auteur allemand qui s’appelle Hans Kuhn qui dit « Il n’y aura pas de paix dans le monde s’il n’y a pas de paix entre les religions. Et il n’y a pas de paix entre les religions s’il n’y a pas de dialogue entre les religions ». Alors nous les préparons à entrer dans le dialogue, à s’investir dans le dialogue. Comment dialoguer avec un frère ou une sœur qui n’est pas de ma religion ? Alors nous sommes venus faire la pratique et ils ont été bien accueillis. Donc tout commence par l’accueil. Accueillir l’autre, connaître l’autre. Qui êtes-vous ? Pourquoi la couleur blanche sur votre mosquée ? Pourquoi le vert ? Pourquoi vous préférez donc connaître l’autre ? Et quand vous avez la connaissance de l’autre, vous l’accueillez tel qu’il est, vous l’aimez tel qu’il est et vous pouvez vivre ensemble », contextualise-t-il.
Le satisfecit, c’est aussi du côté des apprenants. Le postnommé KAGHOMA, l’un d’eux, assure avoir eu du nouveau dans son processus d’apprentissage.
« Notre présence ici d’abord, c’est pour continuer le cours que nous avons eus avec l’abbé Chancelier, la théologie des religions. Nous sommes là, à la mosquée, nous avons découvert ce qu’est l’islam. On n’avait jamais été ici, mais on est en train de vivre ensemble, nous voici ici. Nous avons rencontré nos frères, nos sœurs, et on a vu comment ils prient. Et nous sommes satisfaits. C’était notre sortie vers les musulmans, nous les avons rencontrés. On peut dire que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare. Donc nous sommes les frères, nous sommes des humains tous. Le nom de Dieu, nous croyons à un seul Dieu, nous tous. Et nous sommes tous croyants, sans exclure justement les différences qui sont entre nous », s’enthousiasme-t-il.
Cette séance didactique réjouit également le Représentant légal de la communauté islamique dans la région Butembo-Lubero.
Le Sheikh MUHINDO ARAFATI LUHAVO AGAYO en a profité pour encourager tous les jeunes au goût de servir Dieu.
« Je me suis dit dès mon jeune âge qu’il faut que je serve Dieu. Quelque chose qui me marque positivement, c’est que je n’ai pas raté ce que mes parents voulaient de moi. Ils souhaitaient que je sois un berger des brebis de Dieu. Et voilà, là où je suis, je suis chargé d’appeler les gens à venir vers Dieu. Je suis Sheikh, je suis Imam et ma mission consiste à appeler les gens à venir vers Dieu », admet-il.
Il faut noter que le père KASEREKA MAJARIBU Emmanuel a été aussi de la partie.
Missionnaire croisier, il a partagé son expérience du vivre-ensemble entre chrétiens et musulmans en Indonésie d’où il vient depuis 6 mois. Ce pays d’Asie compte près de 250 millions d’habitants avec 85 pourcents des musulmans.
Patient Akilimali