RDC : La CENCO au VPM BEMBA ; « Voulez-vous ramener le pays à l’époque où vous avez fait tuer des innocents à Kisangani et à Kinshasa ? »

Le bras de fer entre les Evêques catholiques et Jean-Pierre BEMBA GOMBO est dans un nouveau rebondissement. La Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) réagit aux allégations de Jean-Pierre BEMBA GOMBO, Vice-Premier Ministre et Ministre de Transport et Voies de Communication sur les ondes de Top Congo FM le 09 juin 2025. Ce membre du Gouvernement a accusé entre autres des Evêques de comploter contre le Président Félix TSHISEKEDI.
Dans sa note de réaction signée le 11 juin et rendu publique ce jeudi 12 juin 2025, la CENCO dit avoir suivi avec grande consternation, mais sans réelle surprise, « les inepties de Monsieur Jean-Pierre Bemba».
Elle note que, depuis la période électorale de 2023 jusqu’à ce jour, Monsieur Jean-Pierre Bemba s’est attribué un rôle extrêmement dangereux, celui de proférer, avec une légèreté déconcertante, des allégations récurrentes, gratuites et infondées contre la CENCO.
« Il multiplie des déclarations qui portent atteinte à la réputation de la CENCO et risquent de compromettre le climat de confiance nécessaire à la cohésion nationale et au bien-vivre ensemble, dont le pays a tant besoin », constate l’épiscopat congolais dans cette note signée par Monseigneur Fulgence MUTEBA MUGALU, Archevêque métropolitain de Lubumbashi et Président de la CENCO.
« En effet, au regard du contexte sociopolitique actuel, cette belliqueuse sortie médiatique donne à croire que Monsieur Jean-Pierre Bemba peine à accepter l’option courageuse et salutaire prise par les Institutions de la République et l’ensemble de la nation : celle de résoudre par des voies pacifiques la crise actuelle qui menace l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Il y a lieu de se demander si, avec ses propos, Monsieur Bemba veut ramener le pays à l’époque où il avait fait tuer des innocents à Kisangani et à Kinshasa. Fidèle à sa mission prophétique, l’Eglise Catholique tient à son engagement à promouvoir et à défendre la paix dans notre pays. Il est donc inacceptable qu’un homme public, mû par des considérations personnelles et une animosité manifeste envers ses concitoyens, s’autorise à défier la raison, le bon sens et le respect dû aux Institutions », a lu Monseigneur Donatien NSHOLE BABULA, Chapelain du Pape et Secrétaire général de la CENCO.
Dans la foulée, la CENCO s’étonne du silence de la justice et de l’Assemblée nationale. « Il est étonnant que malgré la gravité des propos tenus par Monsieur Jean-Bemba, il n’y ait aucune réaction des Institutions de la République et de sa hiérarchie. Normalement, le Procureur Général près la Cour de Cassation, ainsi que l’Assemblée Nationale, devraient se saisir d’office de ce dossier pour faire toute la lumière sur les différentes allégations et en tirer les conséquences de droit », poursuivent les Archevêques et Evêques.
Entre temps, ils invitent les fidèles à prier pour Jean-Pierre BEMBA. « La CENCO exhorte les fidèles catholiques à prier pour le concerné afin que l’Esprit de paix descende sur lui et le détourne de la violence dont il fait la promotion. Dans le souci de protéger l’opinion nationale et internationale contre les manipulations grossières, et de préserver les acquis des efforts communs de paix, elle se réserve en même temps le droit de saisir la justice », concluent les Prélats.
Enfin, la CENCO réaffirme sa détermination à défendre, sans faillir, les valeurs de vérité, de justice, de dialogue et de réconciliation.
Elle invite le peuple congolais à ne pas céder à la manipulation, aux discours de division ou de haine, et à demeurer vigilant, uni et mobilisé pour la préservation du Bien-Vivre Ensemble, socle de l’unité nationale.
Patient Akilimali
Contexte dans cet article de 7SUR7.CD
Au cours d’une interview accordée à Top Congo FM, ce lundi 9 juin 2025, le vice-premier ministre, ministre des Transports, voies de communication et désenclavement, Jean-Pierre Bemba a révélé ce qu’il qualifie, lui, d’un plan d’évincement du régime en place par l’ancien chef de l’État, Joseph Kabila, en complicité avec Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga, et certains acteurs de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) qui cherchent également à éliminer Félix Tshisekedi, le chef de l’État.
À en croire cet ex-ministre de la Défense et anciens combattants, tous les indices plausibles sont irréfutables.
« Je peux vous confirmer cette actualité. J’accuse M. Hyppolite Kanambe alias Joseph Kabila, Katumbi Moïse Soriano et certains acteurs , dirigeants de la CENCO d’être les auteurs d’une tentative de déstabilisation de l’État et également d’atteinte à la sûreté de l’État, en voulant éliminer le chef de l’État. Vous avez vu comme moi les vidéos. Quand il (Joseph Kabila) est arrivé à Goma, il est d’abord allé aux camps des militaires le lendemain de son arrivée pour pouvoir se rendre compte de la formation des militaires qu’il a financée. Parce que selon eux, après avoir chassé le président Mobutu, la RDC est devenue leur butin de guerre. Ils ne comprennent pas aujourd’hui que ce pays appartient aux Congolais. Et qu’il y a un homme, le président de la République, qui s’est levé et a dit, halte à tout ça ! », a-t-il déclaré.
Et de soutenir : « La RDC ne va pas être une colonie et les habitants ne seront pas des esclaves du régime rwandais. Hippolyte Kanambe est un agent laissé en RDC par le régime rwandais, dont le chef est Kagame. Cette mission est celle-là. Et s’il revient aujourd’hui sur le terrain, c’est parce que son commandant suprême lui a dit, moi je ne pourrai plus rester dans le pays avec les accords que nous sommes en train de signer. C’est à toi que je donne l’ordre pour pouvoir retourner là-bas et faire ce qui est à faire ».
Selon lui, Joseph Kabila et ses complices, notamment Moïse Katumbi et la CENCO se servent de certains congolais pour asseoir le mensonge d’État. Les anciens présidents des Assemblées, les secrétaires généraux du PPRD et les anciens directeurs de cabinet en font partie.
« Moïse Katumbi est obnubilé pour être président de la République. En 2023, une opération avait été montée avec des Russes. Parce qu’en tant que ministre de la Défense, j’avais des informations assez poussées. L’opération consistait à infiltrer la CENI pour sortir de faux listings pour ensuite les diffuser par une grande organisation, que je n’ai pas voulu nommer avec certains acteurs de la CENCO. Le jour du vote, la CENI a été attaquée et ça, les informaticiens vous le diront, plus de 3000 fois pour modifier les résultats des élections. Dès que nous avons eu l’information de cette tentative, j’ai informé le chef de l’État et ce dernier a pris des dispositions pour protéger le site de la CENI. Et quand on me donne des renseignements, on cite Moïse Katumbi nommément. Lui-même le sait », a-t-il argué.
Jean-Pierre Bemba a saisi cette occasion pour appeler les Congolais à la vigilance afin de déjouer le plan de l’ennemi, fustigeant la démarche de la CENCO qui, d’après lui, tient à un dialogue visant à évincer l’actuel chef de l’État, Félix Tshisekedi.