Lubero : Disponibilité d’ignames dans des lieux d’approvisionnement mais rareté des clients depuis la rupture du trafic Butembo-Goma (Vendeuses)
Possible de s’approvisionner en ignames jeunes et bleus en chefferie des Baswagha en territoire de Lubero ces jours. A l’origine, le retour des habitants des bourgades de Masumo, Kivugha, Vusamba, Makoko et environs. Des personnes déplacées y sont déjà revenues aprèzs les massacres des civils qui avaient causé la mort d’une dizaine de civils en groupement Bulengya. Tout le problème maintenant, après approvisionnement et cuisson, la vente d’ignames devient un casse-tête.
Les voyageurs sur la route Butembo-Goma étaient les principaux clients de ces vivres. Résultats, ces jours-ci, la vie devient difficile pour KAVIRA SIHERYA Bénédictine, abordée en mi-juillet par Radio Elimu au rond-point Biondi de Musienene, 17 kilomètres au Sud de Butembo.

La somme d’argent qu’elle rassemble à la fin de la journée s’évalue à 10 000 francs alors qu’avant la rupture du trafic, elle pouvait avoir en mains 50 000 Francs. « Les uns qui sont déjà retournés sont en train de récolter pour que nous ayons ces aliments. Mais, les clients ne passent plus par cette route. Je me souviens des moments pendant lesquels je courrais vers des bus en provenance de Goma ou de Butembo. Je réunissais autour de 50 000 Francs mais aujourd’hui, j’ai difficilement 10 000 Francs », raconte-t-elle.
Cette situation a déjà découragé MASIKA Florine qui ne va plus s’approvisionner en ignames. Elle déplore l’abandon scolaire de ses enfants pour qui elle ne peut plus rien.
« J’ai déjà renoncé aux activités d’approvisionnement à cause de la situation du moment. Avec 50 000 Francs, on a un plastique d’ignames. Mais, au finish, on a 30 000 Fcs après cuisson et vente. C’est du travail en perte. La coupure du trafic routier nous a déjà préjudiciées. Nos enfants n’étudient plus. Certains qui vont à l’école ne font qu’accumuler les crédits. C’est ici que nous trouvons un peu d’argent. Ce n’est plus le cas maintenant. Lorsqu’un enfant est chassé de l’école pour recouvrement, on n’a pas d’autre choix que de lui demander de rester à la maison », avoue cette vendeuse.

Les vendeuses de bananes traversent également la même situation que les vendeuses d’ignames. Elise MWASIMUKE assiste impuissamment à l’assèchement ou la pourriture des bananes qu’elle expose désespérément au rond-point Biondi.
« Je vends des bananes que voici. Elles sont déjà asséchées au soleil par manque de clients. Notre activité n’est plus rentable à cause de la situation que nous vivons. Les voyageurs qui fréquentaient la route Butembo-Goma achetaient. Aujourd’hui, je ne suis plus en mesure de rembourser un crédit de 100 000 Francs. Lorsqu’on peut me le donner dans notre AVEC (Association Villageoise pour l’Epargne et le Crédit), je le vois s’effriter progressivement pour devenir 10 000 Francs. C’est quoi, cette situation ? Je demande à nos autorités de restaurer la paix, qu’elles aient pitié de nous », insiste Elise.
En chœur, ces femmes insistent qu’avec le retour de la paix, leur commerce va redonner l’image florissante.
En attendant, elles se contentent de petites recettes journalières en espérant que la page de vivre sur le fil sera bientôt tournée.
Patient Akilimali