Déposition de l’Abbé Lukombola au procès sur le pillage à Mabambi : « Ils sont entrés par force et m’ont rencontré en train de prier. Ils ont d’abord ravi mon chapelet… »

Déposition de l’Abbé Lukombola au procès sur le pillage à Mabambi : « Ils sont entrés par force et m’ont rencontré en train de prier. Ils ont d’abord ravi mon chapelet… »

2. novembre 2024 Allgemein 0
Partager les articles de Radio Elimu UOR

Que peut-on également retenir de la comparution de l’autre prêtre rencontré par des militaires au presbytère de la paroisse Sainte Joséphine BAKHITA de Mabambi  en territoire de Lubero ? Il s’agit de l’Abbé KASEREKA  LUKOMBOLA Gervais,  vicaire et économe.  Comme l’abbé curé Charles KAKIKE, il a aussi  comparu en qualité de renseignant dans le procès relatif aux actes de pillage rapportés en localité Mabambi.

Dans sa déposition faite par devant le Tribunal militaire de Butembo en l’audience du jeudi 31 octobre 2024, l’Abbé KASEREKA  LUKOMBOLA Gervais a témoigné avoir été saisi de peur suite à la menace.

« Quand d’autres prêtres ont pris fuite, je suis resté en chambre. Les militaires ont commencé à fouiller. Ils ont forcé la porte de la chambre à côté du salon, c’est là que j’étais. Tremblant de peur, je me disais que c’est la  mort qui arrive. Je disais, cette fois-ci, je suis mort. J’ai commencé à  réciter le chapelet. Après avoir cassé les vitres, ils sont entrés par force. A l’intérieur, ils m’ont rencontré en train de prier. Ils ont d’abord ravi mon chapelet… Ils ont pris mon petit téléphone, puis un téléphone à système androïde… Je suis sincère, je ne peux pas identifier parmi ceux-ci étaient entrés chez moi. Je  ne les avais pas regardés dans les figures parce que je me disais que je vais mourir. Ils m’ont obligé de rester en chambre, de ne pas  quitter. En 3 reprises, ils venaient. Pour la 2e fois, ils m’ont dit ‘‘ungali na fanya apa nini ? Enda !’’en swahili, ndlr ‘‘qu’est-ce que tu fais encore ici ? Pars !’’, en français. Ils  venaient de me fouiller  pensant que je peux avoir l’argent, je n’en  avais pas. C’est alors que j’ai  aussi fui dans la brousse », décrit l’Abbé Gervais LUKOMBOLA.

Au bout de ce procès où l’instruction et le prononcé ont eu lieu en un seul jour, 4 de 5 militaires ont été condamnés jeudi 31 octobre par le Tribunal Militaire de Butembo à la peine de mort.

L’infraction retenue à leur charge est « pillage pendant l’état de siège et à l’occasion d’une opération tendant au maintien et rétablissement de l’ordre public ».Chacun de 3 prévenus condamnés pourra payer une somme de 5000 $ pour réparer les préjudices causés aux parties civiles. Le 5e a été acquitté pour insuffisance de preuves.

Pour contexte, des affrontements ont opposé des militaires à des miliciens pendant plusieurs heures de la journée de mardi 29 octobre 2024. Des détonations ont été entendues à  Mabambi et environs sur la route Butembo-Vuyinga en territoire de Lubero, une trentaine de kilomètres à l’Ouest de Butembo. 

Les militaires du 3416e régiment avaient la mission de déloger des miliciens qui semaient terreur et  désolation dans des villages environnant le Mont Muhola. Mais, certains d’entre ces militaires ont agressé des prêtres au presbytère de la paroisse Sainte Joséphine Bakhita avant d’y piller des biens  autant qu’ils venaient de faire dans des boutiques et maisons des habitants au village.    

Patient Akilimali