Butembo : Nécessité urgente de renforcer le dialogue entre parents et jeunes sur la santé sexuelle et reproductive (Débats publics du Projet Tuma +)
Comment renforcer le dialogue entre parents et jeunes sur la santé sexuelle et reproductive ? Voilà la question qui a été au centre des débats publics organisés dans différentes entités de Butembo depuis peu dans le cadre du Projet TUMA +, Tuhimizane kwa Mabadiliko en swahili, traduit en français Mobilisons-nous pour le changement.
Une conférence de presse a été alors animée ce vendredi 20 décembre 2024 pour restituer les grandes recommandations desdits débats publics. La rencontre s’est déroulée dans la salle des conférences de l’Hôtel MERGGIWA GUEST HOUSE.
Ayant la parole, KAMBALE BANGAGHE Reagan du Parlement d’enfants et agent terrain de TUMA + en zone de santé de Butembo a démontré la nécessité pour les adultes de parler aux jeunes de la santé sexuelle et reproductive.
« Tout d’abord, il se constate que c’est une question qui ne se discute pas dans la famille, c’est pris comme un tabou. Malheureusement, des jeunes, dans la communauté, ils ont des informations erronées en matière de santé sexuelle et reproductive. Cela les conduit à des antivaleurs sexuelles. Cela a comme conséquence aujourd’hui les grossesses précoces qu’on est en train de voir, les avortements clandestins, le vagabondage sexuel, la propagation des maladies sexuellement transmissibles et les infections sexuellement transmissibles. Et nous nous sommes dits, il est important que nous puissions apporter notre contribution pour limiter ce grand risque qui peut avoir de graves conséquences sur notre société dans le temps actuel et les jours à venir », contextualise-t-il.
Présentes à ces assises, des filles facilitatrices restituent que, lors des débats publics, des jeunes avouent que leurs parents ne leur parlent pas des sujets relatifs à la santé sexuelle.
« J’ai suivi la formation dans TUMA +. La tâche que je me suis déjà assignée, c’est que, partout où je serai avec d’autres membres de la communauté n’ayant pas eu accès à cette formation comme moi, je leur parle de ce qu’on m’a enseigné dans la formation. Il y a beaucoup de difficultés. Premièrement dans notre société, parler du sexe, c’est comme un tabou. Aux parents de prendre cette nouvelle pour eux. Parce que toute éducation, nous l’avons d’abord à partir de nos familles », enchaîne-t-elle.
Au regard de constat, l’ONG LA BENEVOLENCIA souhaite qu’entre parents et enfants, le dialogue sur la santé sexuelle soit renforcé.
Selon KAKULE KILUMBIRO Jean-Pierre, point focal de cette Organisation chargée du volet communication dans le projet TUMA +, ce renforcement pourra aider à éviter certaines conséquences de la sexualité irresponsable.
« Ce sont les parents qui restent très longtemps avec les enfants mais notre Société a été faite de telle sorte que quand on parle de la santé sexuelle et reproductive, c’est comme un tabou. Portant, nous sommes en train de vivre des conséquences néfastes, des conflits liés à la sexualité irresponsable dans nos familles. C’est pourquoi, nous comme LA BENEVOLENCIA, après avoir organisé beaucoup de débats publics autour de cette thématique-là, avons compris qu’il n’y a pas de dialogue entre parents et leurs enfants. Aujourd’hui, nous encourageons les parents à amplifier ce dialogue au quotidien dans les familles. S’il faut que ça soit papa qui s’occupe des garçons et maman qui s’occupe des filles, tant mieux », recommande Jean-Pierre KILUMBIRO.
Notons que le projet TUMA + est implémenté depuis 2023 dans 9 zones de santé du Nord et Sud-Kivu. C’est un programme de mobilisation, de changement des mentalités et des comportements des membres de la communauté sur la santé sexuelle et reproductive, violences basées sur le genre, normes et stéréotypes.
Objectif principal, contribuer à la réduction du taux de mortalité au sein de la communauté et donner une éducation complète sur la santé sexuelle et reproductive aux jeunes filles et garçons.
Le Parlement d’enfants, Care International, Amis de la justice, SARCAFF et Health Entrepreneer sont les organisations chargées de l’implémentation de ce projet financé par l’Ambassade des Pays-Bas.
Patient Akilimali