Butembo : Les dangers des déchets plastiques sur la santé publique dans cette ville devenue un point de pollution énorme

La ville de Butembo est une ville essentiellement commerciale. Son commerce dépend en grande partie des importations des biens manufacturés. La plupart de ces biens portent des emballages plastiques. Cependant, la gestion de ces emballages constitue un très grand problème en ville de Butembo.
Pour des commerçants rencontrés au marché central de Butembo, il est difficile d’échapper à l’utilisation des emballages plastiques. « Nos marchandises viennent pour la plupart avec des emballages en caoutchouc. Que ce soient des habits, des souliers ou d’autres produits manufacturés, ils sont toujours emballés par des caoutchoucs », se désole Kasereka Peter, un tenancier d’un kiosque au marché.
Pour Jean-Louis Vahwere, un autre stockeur au marché de Butembo : « l’utilisation de emballages en caoutchouc en ville de Butembo est inévitable. Cela ne dépend pas de la volonté de nous les petits commerçants de Butembo. Ca doit se régler à partir des pays des importations. L’éducation doit commencer par là ».
Pour Georges Sivahera, étudiant en faculté de gestion de l’environnement en ville de Butembo, s’adresse aux autorités urbaines qui ont dans leurs attributions l’assainissement de la ville. « L’utilisation des plastiques dans nos différentes communes est un problème réel. Les autorités doivent en être conscientes. Elles doivent combattre ces pratiques afin de nous préserver des calamités naturelles qui pourraient en ressortir dans l’avenir », interpelle-t-il.
Par ailleurs, à la question de savoir pourquoi à Butembo on préfère utiliser des emballages plastiques, Fataki Baloti, point focal du groupe de travail thématique environnement et développement durable au sein de la société civile de Butembo estime « qu’on utilise ce qu’on a. Il n’y a pas d’emballage bio. Dans l’ancien temps, dans des boucheries on utilisait des écorces des bananiers ou des feuilles des bananiers pour emballer de la viande, on pouvait aussi utiliser des cartons. Mais aujourd’hui, pour emballer, on utilise des plastiques, un grand fléau dans la ville ».
Pour lui, le grand problème c’est qu’il n’y a pas d’alternatives pour ne pas utiliser les déchets plastiques. Cette situation s’observe presque dans tous les secteurs de la vie à Butembo. « On ne peut pas s’arrêter aux emballages des denrées alimentaires, comprenez même avec des médicaments, même pour les jus, les bouteilles, c’est toujours avec des emballages en plastique. Ca c’est un fléau et sans contrôle dans une grande ville. Allez-vous imaginer la manière dont on est entrain de polluer le sol sur la ville de Butembo. En faisant l’évaluation, il n’y a pas un m2 sans déchet. Tout le monde revient de la ville avec un sachet. Si on doit les étaler l’un après l’autre, on va découvrir que toute la ville est pleine des sachets », déplore t-il.
De la gestion de ces déchets
Là où le bât blesse, c’est la gestion des déchets. En ville de Butembo, il s’observe du méli mélo. Pour Fataki Baloti, en voulant gérer ces déchets, on a mis dans chaque coin un tonneau où on verse les déchets bio dégradables avec des plastiques, il y a ceux qui se servent de ces sachets pour chier, pour y mettre des urines, des matières fécales dans ces mêmes déchets. « Ca fait que dans ces déchets il y a un peu de tout, des déchets bio, des plastiques, des matières fécales, des urines…c’est dans ce tas là. Et quand ca fait deux à 4 jours, des chèvres vont les éparpiller dans des places publiques et cela va provoquer des mouches qui vont trouver un asile sur ces déchets etc. Conséquence, les sols sont pollués, les eaux polluées. Les sentinelles brulent aussi d’autres déchets qui proviennent des pharmacies chaque soir. Ca pollue aussi l’air et ça fait de Butembo un point de pollution énorme avec des déchets plastiques » s’inquiète –t-il.
Par ailleurs quand on les déplace, on les amène à côté des cours d’eau. C’est parfois à coté des cours d’eau de telle sorte que c’est la pluie qui aide à balayer la ville. « On laisse tout dans la nature, mais les bubolais n’ont pas arrêté des mécanismes de gérer les déchets plastiques », se désole Fataki Baloti.
Les Conséquences des déchets sur l’environnement
Pour le point focal du groupe de travail thématique environnement et développement durable, les conséquences visibles c’est que l’état de ces immondices constitue un danger public à la santé. Pour lui, il n’y a pas de principe de gestion de déchets. Il en est de même dans des talus. Le degré des pollutions des sols, des eaux, les cours d’eaux qui sortent d’ici vers d’autres rivières, « c’est nous qui surchargeons ces océans, la pollution de l’air dans le sens où quand nous voulons résoudre le problème nous brûlons les déchets. Et c’est là qu’en période sèche on voit la fumée sur les plastiques, la fumée avec la poussière, la fumée avec les transpirations des hommes et des animaux et ça donne un air pollué chaque soir qui précipite les gens à des rhumes, des grippes etc. L’homme est à la base de sa propre destruction de la santé publique de la communauté bubolaise. »
Quel rôle de la société civile dans cette bataille ?
La société civile de la Ville de Butembo n’est pas du reste dans ce grand combat contre la pollution atmosphérique.
Au stade actuel, il est question de procéder à la sensibilisation. « Il faut que chaque Radio donne un espace pour la sensibilisation, la communication et la mobilisation de toute la communauté sur la bonne gestion des déchets », propose Fataki Baloti.
Pour lui, dans les jours à venir, il sera créé en ville de Butembo des Noyaux de Paix et de Développement (NPD) qui se chargeront de la gestion des déchets.
Tous les déchets seront gérés dans les ménages et comme ca la voie publique sera dégagée. La vraie place des déchets c’est à l’usine pour en faire des dalles. Le travail de ramassage de ces déchets pourrait offrir des opportunités d’emploi à la jeunesse.
Philippe Makomera