Butembo : Des diplômés « bons à rien » après l’Université, à qui la faute ? Le Professeur Kasula lance le débat

Butembo : Des diplômés « bons à rien » après l’Université, à qui la faute ? Le Professeur Kasula lance le débat

14. octobre 2025 Allgemein 0
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A quoi servent nos diplômes ? C’est cette question que pose le Professeur KAMBASU KASULA Florent, économiste, pour interroger le système congolais en vue de produire des étudiants capables de créer de l’emploi.

Cet enseignant a abordé cette thématique au cours du récent colloque universitaire tenu en début de ce mois à l’honneur de Monseigneur Emmanuel KATALIKO. A lui de déplorer le clientélisme dans le processus d’embauche fondé parfois sur le capital social et le réseau au lieu de mettre en avant-plan les compétences acquises.

Autre problème, le Professeur KAMBASU KASULA Florent fait constater que le parcours scolaire de près de 22 ans est fondé sur la formation théorique, entendu que les options techniques sont généralement moins fréquentées.

Le Professeur Kasula en exposé dans l’amphythéâtre Mgr Sikuli de l’UCG. Photo Patient Akilimali/Radio Elimu de l’UOR

Pour assurer l’employabilité des étudiants produits à l’Université, cet enseignant en Sciences économiques propose le sens de l’entrepreneuriat et l’apprentissage des métiers.

«Certains essaient de dire qu’il faut sensibiliser les gens à l’entrepreneuriat, c’est-à-dire dès que vous terminez les études, on vous dit, essayez de créer une petite activité qui vous permettra de vous occuper, et oublier un peu votre diplôme. Alors, d’autres font l’apprentissage informel, c’est-à-dire, après avoir obtenu le diplôme d’université, on va encore s’inscrire dans un centre de formation d’apprentissage des métiers, puisque, en fait, c’est maintenant ce métier qui vous permettra de vous insérer dans le monde de l’emploi et non votre diplôme… À la fin, on retrouve un grand nombre d’étudiants de jeunes universitaires à chômage dont le travail consiste à chercher du travail », amorce l’exposant.

Dans la foulée, le Professeur KASULA prône la réforme du système universitaire en RDC confronté à quelques dysfonctionnements majeurs dont la non viabilité des établissements universitaires.

Ceux-ci se révèlent en fabriques des cerveaux inutiles, des détenteurs des diplômes obsolètes, regrette le Professeur KASULA.

«Nous devons faire face à un enseignement qui est déconnecté de la réalité locale. Dans un milieu qui est purement agricole, on va amener des sections qui ne sont même pas en rapport avec l’agriculture… Dans un monde où il n’y a pas d’aéroport, on va installer une section d’aviation… Je me rappelle que certaines écoles font de l’informatique comme section alors qu’elles n’ont ni courant ni ordinateur. Et on dessine juste une souris et un clavier au tableau et on dit ‘‘vous tapez à l’ordinateur’’ », poursuit-il.

Des participants à ce colloque tenu du 1er au 2 octobre 2025

Au niveau de l’enseignement supérieur et universitaire, il y a lieu de faire de la professionnalisation pour diminuer les diplômes obsolètes sur le marché.

«La première chose que je propose c’est de faire de l’université une organisation apprenante. Nous devons arriver aussi à promouvoir des diplômes professionnels. On peut évoluer et avoir sa thèse, avoir son master, mais pour la production et non pour l’enseignement. Et c’est là que, moi, nous parlons peu de la valorisation économique de la recherche scientifique. On se targue d’être professeur en disant j’ai déjà écrit 30 articles dans les revues les plus connues du monde, mais on se pose la question : ces articles ont rapporté combien ? Le deuxième élément : le rôle du professeur comme coach, l’étudiant comme joueur… Le dernier élément : le projet professionnel et personnel de l’étudiant et la collaboration des universités avec les entreprises. Quand nous nous expliquons à l’université, généralement, le contrat qu’on a avec l’université, c’est d’obtenir le diplôme. On vient de l’université et on dit qu’après 5 ans, on va faire un diplôme. On devrait penser autrement. Le premier contrat qu’on devrait établir entre l’université et l’étudiant, ce serait l’employabilité. Est-ce qu’après ton diplôme, tu auras un emploi ?”, conclut le Professeur KASULA.

Enfin, le Professeur KASULA veut que, entre les Universités et les étudiants, il y ait la convention sur l’accompagnement vers l’embauche au lieu de se limiter à la diplomation. Cela passe par exemple par l’orientation de l’étudiant stagiaire vers l’entreprise qui va lui ajouter un plus ou encore la valorisation pratique des travaux défendus. « A côté de nos diplômes, apprenons aussi des métiers », résume l’orateur.

Lors de l’échange qui a suivi cet exposé, des participants ont souhaité que les enseignants accompagnent réellement les étudiants. Question de les inciter à approfondir davantage ce qui rentre dans leur centre d’intérêt au lieu de leur imposer ce que veulent à tout prix les enseignants.

Patient Akilimali