Butembo : Conflits fonciers et déséquilibres en famille, le Professeur Muyisa vante le Droit coutumier

Butembo : Conflits fonciers et déséquilibres en famille, le Professeur Muyisa vante le Droit coutumier

15. octobre 2025 Allgemein 0
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Plaidoyer pour la prise en compte des pratiques coutumières dans la résolution des conflits. Il émane du Professeur Moïse MUYISA MUSUBAO. Il est parmi les conférenciers qui ont exposé lors du Colloque universitaire organisé à l’honneur de Monseigneur Emmanuel KATALIKO.

Lors de son exposé axé sur « quel avenir pour le  droit coutumier face à la modernisation ? », cet enseignant en droit a montré qu’il y a un conflit entre le droit coutumier et le droit écrit, d’origine occidentale. Résultats, il y a par exemple la propriété foncière qui est familiale selon la coutume alors que la conception du droit écrit individualise la terre.

Dans la foulée, cet orateur indique que c’est avec le droit écrit que la dot, jadis un cadeau symbolique, a été dollarisée, comme si la femme était une marchandise.

S’agissant de la justice, il y a choc, enchaîne-t-il. Si en coutume, il est question de la justice réparatrice avec la médiation, en droit écrit, c’est la justice distributive qui met aux prises un gagnant et un perdant. Ceci met en danger le vivre-ensemble et les relations futures de telle sorte qu’après le procès, d’autres conflits peuvent rebondir. « Doit-on continuer dans ce rythme ? », s’interroge-t-il.

Au regard de cette situation, le Professeur Moïse MUYISA MUSUBAO propose le recours au droit coutumier.

« Le tribunal déguerpit le chef terrien et ses vassaux. Ça c’est le tribunal du droit écrit. Mais nous en coutume, tant que le vassal est en ordre avec son suzerain, il continue de jouir de sa terre. Par moment, nous perdons le procès, non pas parce que nous n’avons pas de bons avocats, mais parce qu’il y a un écart entre le système juridique occidental avec la réalité sociale ou alors la réalité que nous vivons au quotidien dans nos routines. Ce qui fait qu’au niveau même de la justice, actuellement, on doit promouvoir les méthodes alternatives de résolution de conflits. Déjà, comme je disais, c’est la médiation, c’est la conciliation, c’est l’arbitrage. Nous nous mettons ensemble, un bon arrangement, arrangement vaut mieux qu’un excellent procès. Nous parlons en kinande, dans le Luyira, accompagnés des sages du village dans le souci de préserver les relations futures », plaide-t-il.

Ensuite, l’orateur constate un autre choc entre le droit coutumier et les normes internationales s’agissant de la famille. Pour le Professeur MUYISA, dire que la femme a doit au travail, doit contribuer aux charges du ménages, doit être aidée comme partenaire par son mari ; tout ça ne doit pas faire perdre de vue les valeurs traditionnelles qui ont maintenu solides les liens en famille.

« Il est bien beau de dire que la femme a droit au travail. Allez exercer parce que vous avez fait le droit à l’Université au risque de perdre votre foyer. Parce qu’il y a un droit de l’école, mais il y a aussi un droit vivant dans le ménage. Ah, le droit d’exercer les commerces, c’est bien beau de l’exercer, à l’examen, répondez comme ça. Mais quand vous serez vraiment dans votre foyer, soyez intelligentes et sages. Parce qu’il y a un écart. Vous risquez de perdre votre foyer. Ah, la contribution aux charges de ménage. Mais la réalité renseigne le contraire. Tu as ton salaire à la maison, est-ce que vous contribuez équitablement ? Est-ce que ton mari connaît même le salaire ? C’est le poids coutumier parce que le mari doit faire nourrir la femme. Il doit l’encadrer et encadrer les enfants. Par rapport au rôle du genre, la masculinité positive, eh, c’est où et avec qui ? Moi à la maison je commence à faire la vaisselle, pour toi. Moi à la maison je commence à piler le sombé, moi là ! », a argumenté le Professeur MUYISA, sous des applaudissements.

Ecoutez cet extrait de son intervention

En définitive, cet enseignant d’Université souhaite que l’on s’accroche à ce qui doit construire au lieu d’imposer ce qui est vu comme destructeur. Pour lui, il est alors urgent de calquer le droit sur les us des peuples. Il s’agira alors d’une reforme contextualisée, inclusive et adaptée aux réalités, conclut-il.

Patient Akilimali