Butembo-Beni : La communion synodale mise en échec en famille par le numérique; ce que propose le Prof Abbé Visambali

Butembo-Beni : La communion synodale mise en échec en famille par le numérique; ce que propose le Prof Abbé Visambali

27. septembre 2025 Allgemein 0
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Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication suscitent un débat réel et sérieux  sur  la synodalité ou la communion en famille. C’est ce qu’a indiqué le Professeur Abbé KAMBERE VISAMBALI Thomas lors de son exposé au cours du récent conseil pastoral diocésain.

Devant près de 150 agents pastoraux, cet orateur a indiqué que la pastorale familiale doit prendre en compte ce défi.

« A cause du numérique, de plus en plus, les gens tendent à s’éloigner les uns des autres alors qu’ils sont physiquement rapprochés. Par exemple, vous trouvez qu’en famille, chacun est intéressé à son téléphone, papa à son téléphone, maman à son téléphone, les enfants chacun à son téléphone, et on ne se parle pas. Ou, on regarde la télévision, mais on ne se parle pas. Alors ça fait que les numériques nous divisent alors qu’ils sont supposés nous permettre de nous rapprocher les uns des autres. On communique plus facilement avec ceux qui sont au loin, avec ceux qui sont proches, on ne communique pas. Et c’est un des dangers qu’on doit chercher à éviter », fait-il constater.

Des participants au Conseil pastoral tenu du 16 au 17 septembre. Photo Patient Akilimali/RadioElimu

Au regard de ce défi, le Professeur Abbé VISAMBALI propose une rééducation pour une synodalité réussie en famille. 

« Il faut une rééducation justement en famille et à tous les niveaux contre certains de ces dangers du numérique. Si par exemple elle concerne les enfants, les parents et les enfants, il faut que les parents prennent leurs responsabilités d’éduquer les enfants à savoir utiliser correctement le numérique, savoir quand et comment utiliser le téléphone. Par exemple, leur apprendre à ne pas amener le téléphone à table parce que c’est contrindiqué. Au moins,  il faut s’occuper du manger et de sourire, de bavarder pendant le repas plutôt que de manger pendant que l’on est occupé au téléphone ou bien par la télévision. Donc c’est une rééducation que les parents doivent donner aux enfants. Mais avant d’éduquer les enfants, il faut que les parents eux-mêmes soient éduqués à ce à quoi ils vont éduquer les enfants. C’est-à-dire qu’il faut que les parents eux-mêmes soient convertis de ces pratiques où on est plongé dans les appareils téléphoniques et autres», propose cet enseignant.

Patient Akilimali

L’Abbé Visambali accorde une interview pour résumer son exposé. Photo Patient Akilimali/Radio Elimu

A LIRE L’INTEGRALITE DE L’EXPOSE DE L’ABBE VISAMBALI

CONSEIL PASTORAL DIOCESAIN

DIOCESE DE BUTEMBO-BENI

APERCU SUR SUR LE DOCUMENT FINAL DU SYNODE DUR LA SYNODALITE

DU 26 OCTOBRE 2024

(par Abbé KAMBERE VISAMBALI Thomas)

17 Septembre 2025

Introduction

Le Document final du Synode sur la synodalité contient des orientations tant générales que particulières. Chaque communauté ou entité ecclésiale peut y trouver sa part. Dans ce bref entretien, je m’en vais donner un état de lieu sur le Synode sur la synodalité avant d’identifier quelques défis à la synodalité en m’inspirant du Document final du 26 Octobre 2024. Bien entendu, on ne peut peut ici explorer tous les défis à la synodalité. Je vais seulement dévisager ceux des plus saillants qui concernent directement les agents pastoraux.

1.     Etat de lieu sur le Synode sur la synodalité

Pour rappel, le pape François a convoqué l’Eglise dans une marche synodale qui a commencé en Octobre 2021 par un processus de consultation du peuple de Dieu. Ce processus préparait la XVIè Assemblée générale ordinaire du Synode des Evêques du monde entier. Le synode avait pour thème « Pour une Eglise synodale: communion, participation, mission ».

La seconde (et dernière) session du synode sur la synodalité s’est tenu à Rome du 2 au 27 octobre 2024 après une première qui avait eu lieu du 4 au 29 octobre 2023. Plutôt que de donner à l’Eglise une Exhortation post-synodale, le pape a choisi de publier le texte-même des Pères et Mères synodaux en l’accompagnant simplement d’une note pour le présenter à l’Eglise universelle, dans laquelle indique que ce document fait partie du Magistère ordinaire du Successeur de Pierre, et demande qu’il soit accepté (DF, p.6).

 Il est important de souligner que « la conclusion de la XVIè Assemblée Ordinaire du Synode des Evêques ne met pas fin au parcours synodal » (DF p.6). Bien au contraire; là commence une tâche pour l’Eglise universelle et les églises locales de s’approprier les conclusions dudit synode. Afin de répondre à divers défis, le pape recommande que dans chaque église locale l’on trouve des solutions inculturées et attentives aux traditions locales (DF, p.6-7). 

Le document contient 5 parties. La première est intitulée “Au coeur de la synodalité”. Elle définit les fondements de la synodalité: son sens, son essence, ses dimensions et sa spiritualité. Elle établit principalement que la synodalité est avant tout une disposition spirituelle, qui imprègne la vie quotidienne des baptisés et tous les aspects de la mission de l’Église (DF 43).

La deuxième partie (intitulée “Ensemble dans la barque”) est un appel à la conversion dans nos relations au sein de l’Eglise. Cette conversion concerne les relations avec le Seigneur, ainsi que les relations interpersonnelles et intercommunautaires. L’écoute est une composante importante pour réaliser cette conversion. Cette section traite aussi du ministère ordonné comme étant au service de l’harmonie.

La troisième partie intitulée “Jetez les filets” se penche sur la conversion des processus. Elle insiste pour montrer que “favoriser la participation la plus large possible de l’ensemble du peuple de Dieu aux processus décisionnels est le moyen le plus efficace de promouvoir une Église synodale” (DF 87). Cependant, loin de conduire d’Eglise dans des élucubrations démocratiques, le Synode note bien que “dans l’Église, la délibération se fait avec l’aide de tous, jamais sans l’autorité pastorale qui décide en vertu de sa charge” (DF 92).

La quatrième section intitulée “Une pêche abondante” concerne la conversion des liens. Elle s’appuie sur le récit de la pêche miraculeuse (Jn 21, 5-6). Voici son message: “Les filets jetés sur la parole du Ressuscité ont permis une pêche abondante. Tous collaborent pour tirer le filet, mais Pierre a un rôle particulier. Dans l’Évangile, la pêche est une action menée en commun: chacun a une tâche précise, différente mais coordonnée avec celle des autres. C’est ainsi qu’est l’Église synodale, faite de liens qui unissent dans la communion et d’espaces pour la variété de chaque peuple et de chaque culture.” Bref, dans une église synodale, chacun doit prendre sa place et jouer son rôle comme tel.

La cinquième section intitulée “Moi aussi, je vous envoie” (Jn 20,21-22) contient des recommandations utiles à la formation d’un peuple de disciples missionnaires. Elle invite l’Eglise à former à la synodalité non seulement le peuple de Dieu, mais aussi les agents d’évangélisation. Une des recommandations concernant la formation des candidats au ministère ordonné stipule que les parcours de discernement et de formation des candidats au ministère ordonné devraient être configurés dans un style synodal (DF 148).

2.     Quelques défis à la synodalité

2.1. La compréhension de la synodalité

Tant de choses ont déjà été dites sur la synodalité. Cependant, il n’est pas exclu que la compréhension ou plutôt l’intériorisation et la pratique de la vie synodale soient encore peu manifestes. Qu’est-ce qui a changé dans les différentes sphères de notre être église locale, nos paroisses, nos Instituts religieux depuis que nous sommes entrés dans la marche synodale?

Rappelons, à propos, que le verbe « synoder » signifie marcher ensemble, avec le Christ à la tête de la marche, vers le Père qui nous attend. La synodalité est la marche commune des chrétiens avec le Christ, vers le Royaume de Dieu, en union avec toute l’humanité. Or, avant de s’unir à toute l’humanité, il convient d’abord que chaque membre du corps local (église locale, paroisse, communauté sacerdotale, congrégation) soit uni à ce corps-même (l’église locale et/ou la congrégation) pour que, à travers lui, il soit uni à l’Eglise entière et à l’humanité.

Cela dit, il convient de noter que la synodalité dans une église locale est un chemin de renouveau spirituel et de réforme spirituelle pour rendre cette entité d’Eglise plus participative et missionnaire, c.à.d. capable de marcher avec chaque homme et chaque femme en rayonnant la lumière du Christ (DF, no. 28). Il convient alors de se poser la question de savoir si c’est vraiment de cette manière que nous avons compris la synodalité telle que le Saint Père nous l’a présentée. En fait, l’enseignement sur la synodalité n’était pas une innovation du pape François; il est bel et bien présent dans les Ecritures et la tradition chrétienne. Le pape a alors voulu le renouveller dans l’Eglise de notre temps.

2.2. L’unité dans la diversité

Quand le Christ nous attire vers lui comme agents pastoraux, il nous appelle comme nous sommes. Or, nous existons dans une diversité identitaire. « Le processus synodal a mis en évidence que l’Esprit Saint suscite constamment une grande variété de charismes et de ministères dans le peuple de Dieu » (DF, no. 36). Unique est l’Esprit, variés sont les dons. Telle est la fécondité de l’Eglise et de toute communauté au sein de l’Eglise. Chaque membre a reçu des dons de l’Esprit en proportion. Ces dons sont destinés à l’édification de l’Eglise.

Dès lors, il convient d’accepter que la diversité identitaire des agents pastoraux constitue une richesse pour l’Eglise, vu qu’elle est une expression des charismes variés. Comme les charismes se complètent plutôt qu’ils n’entrent en collusion, aucun groupe d’agents pastoraux ne devrait se frictionner avec un autre dans le champ pastoral.  Malheureusement, il arriverait qu’un groupe d’agents pastoraux (catéchistes, prêtres, religieux ou religieuses) ne parvienne pas à harmoniser ses charismes ou ses services avec d’autres groupes d’agents pastoraux, ou même avec l’autorité ecclésiale locale. 

2.3. Le numérique et la synodalité

Il est un fait indéniable que nous sommes à l’âge du numérique. Beaucoup de choses en ces jours se font en ligne, au téléphone, à l’ordinateur, etc. Les réseaux sociaux nous envahissent de partout. La génération zoom est là.

Les bienfaits des nouvelles technologies de communication (NTC) sont visibles. En même temps, les conséquences négatives des NTC sont au rendez-vous: recherche exagérée des informations, moins de communication avec les personnes présentes, brisure des familles (parents et enfants étant tous collés, chacun à son téléphone), etc. On s’occupe davantage de ceux qui sont au loin, et moins de ceux avec qui on vit en famille. La television a coupé la parole dans beaucoup de familles. Il a même été dit que beaucoup de jeunes ont commencé à perdre la culture de l’écriture au stylo: tout est digital, tout est numérique au smartphone.

Pourtant, comme le reconnaissent les Pères et Mères synodaux, “le réseau constitué de connexions, offre de nouvelles possibilités de mieux vivre la dimension synodale de l’Église » (DF, no. 113). Effectivement, on ne peut nier que d’une part, les agents pastoraux bénéficient des bienfaits de la technologie numérique: on partage plus facilement des documents, on participe à des téléconférences, on crée des groupes de promotions ou de communautés. D’autre part, ces agents pastoraux ne sont pas épargnés des conséquences négatives de la technologie numérique. En certains endroits, la recréation communautaire tend à mourrir. En d’autres milieux, les communications communautaires se font plutôt au téléphone. A table, certains ont les yeux entre leur plat et leur téléphone ou la télévision. En conséquence, la vie communautaire est au risque du péril. Voilà un défi à la synodalité: comment pouvons-nous marcher ensemble en rapport avec cette réalité?

2.4. Transparence, rendre-compte, évaluation

Les Pères et Mères synodaux ont aussi traité de la question de la transparence, du rendre-compte et de l’évaluation.  La transparence est associable à des valeurs telles que « la vérité, la loyauté, la clarté, l’honnêteté, l’intégrité, la cohérence, le refus de l’opacité, (de) l’hypocrisie et (de) l’ambiguïté, l’absence d’arrière-pensées » (DF no. 96).

En fait, la transparence constitue un garant de confiance et de crédibilité dans une Eglise synodale. Le rendre-compte et l’évaluation témoignent de la fidélité du disciple. Leur absence est l’une des conséquences du cléricalisme. « Celui-ci se fonde sur la présomption implicite que ceux qui ont autorité dans l’Église ne doivent pas rendre compte de leurs actions ni de leurs décisions, comme s’ils étaient isolés ou situés au-dessus du reste du peuple de Dieu » (DF, no. 98).

Par ailleurs, la transparence, le rendre-compte et l’évaluation ne doivent pas seulement concerner les cas d’abus sexuels, financiers et autres. « Cela concerne aussi le style de vie des pasteurs, les plans pastoraux, les méthodes d’évangélisation et les modalités par lesquelles l’Église respecte la dignité de la personne humaine, par exemple en ce qui concerne les conditions de travail au sein de ses institutions » (DF, no. 98).

Conclusion

La conclusion est intitulée “Un banquet pour tous les peoples”. Elle reflète l’espérance chrétienne selon laquelle à la fin de leur longue marche les fidèles partageront au ciel la joie du banquet préparé par le Seigneur au sommet de la montagne, symbole de convivialité et de communion, destinée à tous les peuples (cf. Is 25, 6-8).

Cependant, pour participer à ce banquet, il faut accepter de se convertir: telle est une exigence fondamentale du synode.  En fait, la synodalité invite réellement à la conversion. L’écoute commune de l’Esprit Saint, de la Parole de Dieu, et de la parole des autres ouvre le cœur à des pratiques nouvelles, à de nouvelles disponibilités. Le renouveau qu’il faut au niveau paroissial demande donc d’oser faire confiance à la Parole de Dieu et à son potentiel (Evangelii Gaudium no. 22) qu’on ne peut prévoir. Une autre dimension de la conversion est d’oser prendre l’initiative et d’entrer dans le processus de la transformation. Cela peut demander d’abandonner des choses qu’on avait l’habitude de faire. L’apprentissage de la synodalité peut être un long processus. Il demande du temps, de la maturation et du discernement.

Merci