Butembo : Affaires Mamy Kibuta de l’ANR et Bavon Nzenze de la PNC, l’Auditeur militaire bloque-t-il la libération des acquittés par le Tribunal ?

L’Auditeur militaire, garnison de Butembo, serait-il en train de bloquer intentionnellement la libération d’une vingtaine de jeunes pourtant déjà acquittés par le Tribunal militaire ? C’est ce que nous avons cherché à comprendre au regard des allégations avancées dimanche 09 février 2025 par un groupe de femmes qui se sont confiées à la presse.
En effet, tout part du de la décision rendue le mercredi 5 février 2025 lorsque le Tribunal militaire acquitte ces prévenus qui étaient poursuivis pour participation à un mouvement insurrectionnel qui aurait été auteur des meurtres du Lieutenant-Colonel Bavon NZENZE, ex numéro 2 de la Police Nationale Congolaise, PNC Butembo et de Mamy AKILI alias KIBUTA, ex agent à l’Agence Nationale des Renseignements, ANR Butembo-Lubero.
Acquittement après instruction
Le Tribunal les aurait acquittés pour insuffisance des preuves. L’instruction avait pris près de 2 ans depuis leur arrestation à Furu et environs. «Nous avons suivi toutes les étapes depuis la détention à l’ANR. Les prévenus étaient au nombre de 30. Deux d’entre eux sont morts en la prison de Kangbay à Beni. Depuis 3 mois environs, les audiences se sont succédées. Le mercredi passé, le Tribunal a prononcé son jugement. Le Tribunal a condamné 9 enfants et a acquittés 19 enfants. Et le juge a précisé que ces enfants étaient libres. Sur le banc, il a ordonné leur relâchement. Et, il fallait un document de l’Auditorat pour qu’ils sortent de la prison de Kakwangura. L’Auditeur a promis de signer ce document. Nous devons préciser que l’Auditeur a droit d’interjeter appel s’il n’est pas satisfait par la décision du Tribunal. Comme, nous Conseil, pour les 9 enfants condamnés, nous avons interjeté appel. Mais, les acquittés devaient être libres et regagner leurs maisons parce que sur le banc, l’Auditeur n’a pas communiqué son insatisfaction. C’est 2 jours après qu’il aurait interjeté appel. Ce qui nous écœure, c’est parce que l’Auditeur ne veut pas libérer ces jeunes. Il veut se passer supérieur à la loi et au Tribunal », dénonce Maître Mary BOKITO SALAMA, Conseil de ces jeunes qui s’est confiée à la presse, accompagnée des femmes qui se disent génitrices des jeunes acquittés.
Plaidoyer pour la libération

Ces femmes ont été à la Radio Elimu pour se décharger de leur colère. Elles plaident pour la libération pure et simple de leurs enfants. « Nos enfants avaient été arrêtés à Kiriva, Mihake, Furu, Brazza et ailleurs. Ils avaient passé 5 mois à l’ANR. Nous n’avions pas de contact avec eux. Ils avaient été arrêtés dans des maisons. Après l’ANR, ils avaient été amenés à Beni-Kangbay avant d’être ramenés ici. Apparemment, l’Auditeur n’a pas été content de leur acquittement. Nous avons appris qu’il a pris nos enfants de Kakwangura pour Beni. Nous sommes abattues pour ce que l’Auditeur nous fait. Nos enfants auraient encore été torturés. Nous venons de souffrir au point que nous nous posons des questions sans réponse. Si l’Auditeur a à nous reprocher avec nos enfants, qu’il aille nous emprisonner avec nos enfants. Que Dieu se souvienne de cet Auditeur », amorce une manifestante.
« Nous sommes fatiguées parce que nous attendions nos enfants. Nous avons attendu que l’Auditeur signe les documents de nos enfants. Nous avons vu l’Auditeur qui a promis qu’il va signer les documents pour libérer nos enfants. Ce matin, nous sommes tristes d’apprendre que nos enfants ont été torturés avant d’être conduits à Beni. Nous n’allons pas nous fatiguer sans voir nos enfants », ajoute une autre.
A une troisième de conclure : « Le jugement est déjà sorti. Nous avons attendu le temps nous demandé pour la signature de l’Auditeur. Nous sommes de passer des journées sans manger ni boire en attendant la signature de l’Auditeur. Celui-ci a déjà promis de libérer nos enfants. Pourquoi il leur fait ça ? Que ceux qui l’avaient affecté ici lui rappellent son travail et qu’il soit affecté ailleurs ».
Les explications de l’Auditeur militaire

En réaction, l’Auditeur militaire confirme la poursuite de la détention des jeunes susmentionnés. Le Magistrat NKUWA MILOSI Georges la justifie par un autre dossier.
Ce lundi 10 février 2025, dans la sérénité, il a fait entendre que s’il était seulement question de deux dossiers sus-évoqués, ces jeunes seraient libres en dépit de l’appel qu’il a formulé.
« Dans cette affaire qui implique deux dossiers, 19 prévenus ont été acquittés. Je suis allé en appel parce que j’ai été insatisfait. Mais, en cas d’acquittement, même s’il y a appel, le prévenu doit d’abord être libéré. Ce qu’on ne veut pas vous dire, c’est que les mêmes prévenus sont poursuivis pour un autre dossier. Oui, ils ont été acquittés pour l’affaire des meurtres du Lieutenant-Colonel Bavon NZENZE et de Mamy Kibuta mais ils doivent attendre ce que dira le juge à propos du meurtre des casques-bleus de la MONUSCO. Je n’ai pas l’intention de les retenir. Ils ont été remis à Beni-Kangbay d’où je les avais extraits un moment pour les deux premiers dossiers-là. Renvoyés devant le TMG/Bbo pour participation au mouvement insurrectionnel, meurtres du Colonel NZENZE et Mamy Tshibuta et les meurtres des militaires. Ces prévenus viennent d’être acquittés et doivent ainsi être libérés en exécution de ce jugement. Mais ils sont rentrés rejoindre l’autre groupe resté Kangbay pour répondre du meurtre des casques bleus dans un autre dossier que nous pouvons qualifier de dossier « mère ». Peut-être aussi dans celui de l’attaque de la résidence du Colonel Kasongo près de la Cathédrale. Tout ceci relève du respect de la procédure pénale que tout juriste est sensé savoir. En fait, plusieurs faits peuvent conduire à l’ouverture de plusieurs dossiers judiciaires. Et là, l’acquittement dans un dossier n’entraine pas la clôture des autres dossiers à leur charge», a expliqué le Magistrat Georges NKUWA.
Rappel sur lesdits meurtres

Pour mémoire, KATSUVA AKILI Mamy alias KIBUTA, était agent de l’Agence Nationale des Renseignements, ANR en ville de Butembo. C’est depuis le 26 juillet 2022 qu’elle ne donnait plus de ses nouvelles. Ce jour-là, elle était en service dans le contexte des manifestations anti MONUSCO qui avaient fait une dizaine de morts, côté civil et 3 morts dans le camp des casques-bleus de la MONUSCO.
Pour sa part, le Commandant second en charge de la police administrative à Butembo s’est éteint vers 18 heures de mercredi 24 août 2022 à Goma. C’est là qu’il avait succombé aux blessures subies lors de l’attaque de Kangote au Nord de Butembo, le 12 août 2022. Ce décès a fait passer le bilan de ladite attaque de manifestants inconnus contre des éléments de la PNC de 5 à 6 éléments PNC tués à côté de 3 jeeps PNC incendiées et 8 armes récupérées par des inconnus.
Par ailleurs, Butembo avait connu une autre attaque tôt le matin de samedi 26 novembre 2022. Près de la Cathédrale Mater Ecclesiae, des inconnus avaient attaqué la résidence du Colonel KASONGO, Commandant second des FARDC, axe Sud. Bilan de 5 morts : deux militaires et trois assaillants. Les éléments de l’Armée régulière tués sont le Lieutenant-Colonel IBITASIMWA KIBWE Jules et le soldat de deuxième classe TSHIMANGA TSHITENGE. L’Officier tué était de passage chez son homologue Officier, avait fait savoir le Capitaine Anthony MWALUSHAYI, porte-parole de l’Armée à l’époque.
Ce dernier avait supputé que cette attaque était due à l’arrestation de 4 présumés maï-maï après l’exécution sommaire d’un militaire au Nord de la ville.
Patient Akilimali