Bénédiction aux couples homosexuels, le Cardinal Ambongo bientôt au Vatican : «on ne peut pas bénir une monstruosité, quelque chose d’intrinsèquement mauvais »
L’Eglise d’Afrique ne suppose pas clos le dossier sur la bénédiction à accorder aux couples homosexuels en dehors de la liturgie. Cette position a été exprimée par le Cardinal de la République Démocratique du Congo et Président du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et du Madagascar, SCEAM.
Son Eminence Fridolin Cardinal AMBONGO BESUNGU a ainsi réagi au Message du Dicastère pour la Doctrine de la Foi signé par le Pape François le 18 décembre 2023. Il a exprimé sa réaction le lundi 1er janvier 2024 lors d’une messe qu’il a présidée dans la chapelle des Pères capucins à la 12e Rue Limete à Kinshasa.
Joint ce jeudi 4 janvier 2024 au téléphone par Radio Elimu, La Voix de l’UOR, le Cardinal AMBONGO confirme l’authenticité du Message saisi d’une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux.
Notre interlocuteur reconnait que les chrétiens d’Afrique ont été bousculés dans leur foi par un des paragraphes de Fiducia supplicans, cette déclaration qui expose sur la signification pastorale des bénédictions.
« Le dossier n’est pas clos. Nous sommes en train de faire la synthèse de toutes les réactions enregistrées de par l’Afrique. Et dès que cette synthèse sera clôturée, je suppose d’ici une semaine, j’irai à Rome rencontrer le Saint Père pour qu’on fasse la lumière sur cette question par rapport à notre foi en Afrique qui a été blessée par cette décision… Personne n’a le droit de nous bousculer dans notre foi, ça nous n’acceptons pas », insiste-t-il.
Bien plus, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa fait savoir qu’en attendant la l’élaboration de ladite synthèse, la position de l’Eglise d’Afrique est sans équivoque. Il nuance que même, dans la déclaration Fiducia supplicans, bénir un couple homosexuel n’est pas une obligation pour les prêtres.
« C’est un document qui n’oblige pas du tout à un prêtre la bénédiction. On dit ‘‘on peut’’ mais nous en Afrique nous disons ‘‘pas question, on ne peut pas’’. Un prêtre qui utilise sa main pour transmettre ses bénédictions… Parce que quand on dit bénir, c’est dire du bien. Quand on bénit, on dit du bien de ce qu’on bénit, on veut que ce soit bien ce qu’on bénit. On ne peut bas bénir une monstruosité, ce qui est intrinsèquement mauvais ne peut pas recevoir une bénédiction, c’est contradictoire. Même si nous avons été bousculés quelque peu dans notre foi, mais la doctrine de l’Eglise est la même, cette Doctrine ne change pas, que ce soit sur le mariage, que ce soit sur la pratique de l’homosexualité », boucle Son Eminence Fridolin Cardinal AMBONGO BESUNGU qui appelle les fidèles à prier pour les autorités de l’Eglise, le Pape François notamment.
Il faut rappeler qu’en réaction à la déclaration Fiducia supplicans, la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO, a déjà dit NON à toute forme de bénédiction des couples de même sexe.
Ceci est contenu dans une mise au point signée le 23 décembre 2023 par Monseigneur Marcel UTEMBI TAPA, Archevêque métropolitain de Kisangani et Président de la CENCO.
Et pour exprimer son soutien à la CENCO, le Représentant légal de la Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique, CBCA, a dit aux fidèles de cette 3e Communauté de l’Eglise du Christ au Congo qu’il ne sera jamais question d’accepter le mariage homosexuel dans sa communauté.
Le Révérend Pasteur Jonathan KIVATSI s’est ainsi exprimé dans son message de Nouvel An donné depuis Berlin en Allemagne et relayé dans les cultes célébrés dans tous les temples de la CBCA le 1er janvier 2024.
Patient Akilimali
DICASTÈRE POUR LA DOCTRINE DE LA FOI
Déclaration Fiducia supplicans sur la signification pastorale des bénédictions
EXTRAIT PIQUE DU SITE OFFICIEL DU VATICAN
28. Il existe de nombreuses occasions où les personnes viennent spontanément demander une bénédiction, que ce soit lors de pèlerinages, dans des sanctuaires, ou même dans la rue lorsqu’elles rencontrent un prêtre. A titre d’exemple, nous pouvons nous référer au livre liturgique De Benedictionibus, qui propose une série de rites de bénédiction pour les personnes : personnes âgées, malades, participants à la catéchèse ou à une réunion de prière, pèlerins, personnes qui partent en voyage, groupes et associations de bénévoles, etc. Ces bénédictions s’adressent à tous, personne ne doit en être exclu. Dans l’introduction du Rite de bénédiction des personnes âgées, par exemple, il est indiqué que le but de la bénédiction « est d’exprimer aux personnes âgées un témoignage fraternel de respect et de gratitude, et de remercier le Seigneur avec elles pour les bienfaits qu’elles ont reçus de lui et pour les bonnes actions qu’elles ont accomplies avec son aide »[20]. Dans ce cas, l’objet de la bénédiction est la personne âgée, pour laquelle et avec laquelle on rend grâce à Dieu pour les bonnes actions qu’elle a accomplies et pour les bienfaits qu’elle a reçus. Personne ne peut être exclu de cette action de grâce et chacun, même s’il vit dans des situations qui ne sont pas conformes au plan du Créateur, a des éléments positifs pour lesquels il peut louer le Seigneur.
29. Du point de vue de la dimension ascendante, lorsqu’on prend conscience des dons du Seigneur et de son amour inconditionnel, même dans des situations de péché, en particulier lorsqu’une prière est entendue, le cœur du croyant élève sa louange et sa bénédiction vers Dieu. Cette forme de bénédiction n’est interdite à personne. Chacun – individuellement ou en union avec d’autres – peut élever sa louange et sa gratitude à Dieu.
30. Mais le sens populaire de la bénédiction inclut aussi la valeur de la bénédiction descendante. Si « il n’est pas opportun qu’un diocèse, une Conférence des évêques ou toute autre structure ecclésiale mette en place constamment et officiellement des procédures ou des règles pour toutes sortes de questions »[21], la prudence et la sagesse pastorales peuvent suggérer que, pour éviter de graves formes de scandale ou de confusion parmi les fidèles, le ministre ordonné s’associe aux prières des personnes qui, bien que vivant une union qui ne peut en aucun cas être comparée au mariage, désirent se confier au Seigneur et à sa miséricorde, invoquer son aide et être guidées vers une plus grande compréhension de son dessein d’amour et de vérité.
III. Bénédiction des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe
31. Dans l’horizon ainsi tracé, il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage. Dans ces cas, on donne une bénédiction qui n’a pas seulement une valeur ascendante, mais qui est aussi l’invocation d’une bénédiction descendante de Dieu lui-même sur ceux qui, se reconnaissant indigents et ayant besoin de son aide, ne revendiquent pas la légitimité de leur propre statut, mais demandent que tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et dans leurs relations soit investi, guéri et élevé par la présence de l’Esprit Saint. Ces formes de bénédiction expriment une supplication à Dieu pour qu’il accorde les aides qui proviennent des impulsions de son Esprit – que la théologie classique appelle « grâces actuelles » – afin que les relations humaines puissent mûrir et grandir dans la fidélité au message de l’Évangile, se libérer de leurs imperfections et de leurs fragilités et s’exprimer dans la dimension toujours plus grande de l’amour divin.
32. La grâce de Dieu agit en effet dans la vie de ceux qui ne se prétendent pas justes mais se reconnaissent humblement pécheurs comme tout le monde. Elle est capable de tout orienter selon les desseins mystérieux et imprévisibles de Dieu. C’est pourquoi, avec une sagesse et une maternité inlassables, l’Église accueille tous ceux qui s’approchent de Dieu avec un cœur humble, en les accompagnant avec ces aides spirituelles qui permettent à tous de comprendre et de réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie[22].
33. Cette bénédiction, bien qu’elle ne fasse pas partie d’un rite liturgique[23], unit la prière d’intercession à l’invocation de l’aide de Dieu par ceux qui s’adressent humblement à lui. Dieu ne rejette jamais celui qui s’approche de lui ! Au fond, la bénédiction offre aux personnes un moyen d’accroître leur confiance en Dieu. La demande de bénédiction exprime et nourrit l’ouverture à la transcendance, la piété, la proximité de Dieu dans les mille circonstances concrètes de la vie, et cela n’est pas rien dans le monde où nous vivons. C’est une semence de l’Esprit Saint qu’il faut nourrir et non entraver.
34. La liturgie de l’Église elle-même nous invite à cette attitude de confiance, même au milieu de nos péchés, de nos manques de mérite, de nos faiblesses et de nos confusions, comme en témoigne cette très belle collecte tirée du Missel romain : « Dieu éternel et tout-puissant, dans ta tendresse inépuisable tu combles ceux qui t’implorent bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ; répands sur nous ta miséricorde en délivrant notre conscience de ce qui l’inquiète et en donnant plus que nous n’osons demander » (XXVIIe Dimanche du Temps Ordinaire). Combien de fois, en effet, à travers une simple bénédiction du pasteur, qui par ce geste ne prétend pas sanctionner ou légitimer quoi que ce soit, les personnes peuvent-elles faire l’expérience de la proximité du Père, « bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ».
35. C’est pourquoi la sensibilité pastorale des ministres ordonnés doit également être éduquée à effectuer spontanément des bénédictions qui ne se trouvent pas dans le Rituel des bénédictions.
36. En ce sens, il est essentiel de comprendre la préoccupation du Pape pour que ces bénédictions non ritualisées ne cessent pas d’être un simple geste qui constitue un moyen efficace pour accroître la confiance en Dieu des personnes qui le demandent, en évitant qu’elles deviennent un acte liturgique ou semi-liturgique, semblable à un sacrement. Cela constituerait un grave appauvrissement, car car ce serait soumettre un geste de grande valeur dans la piété populaire à un contrôle excessif, qui priverait les ministres de la liberté et de la spontanéité dans l’accompagnement pastoral de la vie des personnes.
37. À cet égard, viennent à l’esprit les paroles suivantes du Saint-Père, en partie déjà citées : « Les décisions qui, en des circonstances déterminées, peuvent relever de la prudence pastorale, ne doivent pas nécessairement être converties en normes. En d’autres termes, il n’est pas opportun qu’un diocèse, une Conférence des évêques ou toute autre structure ecclésiale mette en place constamment et officiellement des procédures ou des règles pour toutes sortes de questions […]. Le droit canonique ne doit ni ne peut tout embrasser, et les Conférences épiscopales ne peuvent pas non plus prétendre faire cela avec leurs divers documents et protocoles, parce que la vie de l’Église passe par de nombreux canaux outre les canaux normatifs »[24]. Le pape François a ainsi rappelé que tout « ce qui fait partie d’un discernement pratique face à une situation particulière ne peut être élevé à la catégorie d’une norme », car cela « donnerait lieu à une casuistique insupportable »[25].
38. C’est pourquoi il ne faut ni promouvoir ni prévoir un rituel de bénédiction des couples en situation irrégulière, mais il ne faut pas non plus empêcher ou interdire la proximité de l’Église avec toute situation où l’on recherche l’aide de Dieu au moyen d’une simple bénédiction. Dans la courte prière qui peut précéder cette bénédiction spontanée, le ministre ordonné pourrait demander pour eux la paix, la santé, un esprit de patience, de dialogue et d’entraide, mais aussi la lumière et la force de Dieu pour pouvoir accomplir pleinement sa volonté.
39. En tout état de cause, précisément pour éviter toute forme de confusion ou de scandale, lorsque la prière de bénédiction, bien qu’exprimée en dehors des rites prescrits par les livres liturgiques, est demandée par un couple en situation irrégulière, cette bénédiction ne sera jamais accomplie en même temps que les rites civils d’union, ni même en relation avec eux. Ni non plus avec des vêtements, des gestes ou des paroles propres au mariage. Il en va de même lorsque la bénédiction est demandée par un couple de même sexe.
40. Une telle bénédiction peut en revanche trouver sa place dans d’autres contextes, comme la visite d’un sanctuaire, la rencontre avec un prêtre, une prière récitée en groupe ou lors d’un pèlerinage. En effet, par ces bénédictions, qui ne sont pas données selon les formes rituelles propres à la liturgie, mais plutôt comme une expression du cœur maternel de l’Église, semblables à celles qui jaillissent des profondeurs de la piété populaire, on n’entend pas légitimer quoi que ce soit, mais seulement ouvrir sa vie à Dieu, lui demander son aide pour mieux vivre, et invoquer aussi l’Esprit Saint pour que les valeurs de l’Évangile soient vécues avec une plus grande fidélité.
41. Ce qui est dit dans la présente Déclaration sur la bénédiction des couples de même sexe est suffisant pour guider le discernement prudent et paternel des ministres ordonnés à cet égard. En plus des indications ci-dessus, on ne doit donc pas attendre d’autres réponses sur d’éventuelles dispositions pour réglementer les détails ou les aspects pratiques quant à des bénédictions de cette sorte[26].
IV. L’Église est le sacrement de l’amour infini de Dieu
42. L’Église continue d’élever les prières et les supplications que le Christ lui-même, avec de grands cris et des larmes, a offertes pendant les jours de sa vie terrestre (cf. He 5, 7) et qui, pour cette raison même, jouissent d’une efficacité particulière. Ainsi, « ce n’est pas seulement par la charité, par l’exemple et par les œuvres de pénitence, mais également par la prière que la communauté ecclésiale exerce un véritable rôle maternel envers les âmes pour les amener au Christ »[27].
45. Compte tenu de ce qui précède, et suivant l’enseignement qui fait autorité du Saint-Père François, ce Dicastère souhaite finalement rappeler que « c’est la racine de la douceur chrétienne, la capacité de se sentir bénis et la capacité de bénir. […]. Ce monde a besoin de bénédiction et nous pouvons donner la bénédiction et recevoir la bénédiction. Le Père nous aime. Et il ne nous reste que la joie de le bénir et la joie de lui rendre grâce, et d’apprendre de Lui à ne pas maudire, mais à bénir »[31]. Ainsi, tous les frères et sœurs pourront sentir dans l’Église qu’ils sont toujours des pèlerins, toujours des mendiants, toujours aimés et, malgré tout, toujours bénis.
Víctor Manuel Card. FERNÁNDEZ
Préfet
Mons. Armando MATTEO
Secrétaire pour la Section Doctrinale
Ex Audientia Die 18 décembre 2023,
François